lundi 23 avril 2018

SPECIES

Forts de leurs paralogismes, d’abord au Canada puis en Australie et en Italie, des philosophes ont démontré, dans de savantes et nombreuses pages, que les Droits de l’Homme devaient être étendus aux Grands Singes. Ces éminents professeurs ont réussi à convaincre un certain nombre de leurs confrères de la pertinence de leurs concepts puisqu'ils ont créé un véritable raz-de-marée d’enthousiasme auprès de ceux-ci.

La Nouvelle-Zélande applique les Droits de l'Homme aux Grands Singes depuis 1999.

Une brèche étant ouverte, il fallait établir une théorie justifiant la promotion des Grands Singes sinon au même rang que les humains, au moins à un niveau équivalent. Et par la même occasion, pourquoi ne pas aussi prendre en compte la situation de tous les animaux et faire d'une pierre deux coups : pourquoi ne pas étendre au règne animal tout entier le respect conféré par les Droits de l'Homme aux Grands Singes ? L'antispécisme, -puisque c'est ainsi qu'on l'appelle- est un mouvement de libération des animaux. Les tenants de l'antispécisme professent que la morale, telle qu'elle s'est perfectionnée au cours des âges, conduit à conclure que tous les êtres doués de conscience doivent être protégés.

Les antispécistes définissent la conscience comme la capacité de souffrir et d'éprouver du plaisir. Or, tous les animaux, sous une forme ou sous une autre, de manière directement perceptible ou déduite de leur comportement, possèdent une conscience puisqu'ils sont capables de souffrir et d'éprouver du plaisir. Ils doivent donc être protégés et il est illégitime de les faire souffrir, de les réduire en esclavage ou de les tuer et de s'en nourrir.

A peine de commettre des crimes, l'humanité ne peut être que végétarienne.

Les défenseurs de cette théorie ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont constaté que les fœtus, certains grands malades et les nouveau-nés n'ont pas de conscience car, disent-ils, ou bien ils ne peuvent souffrir, ou bien ils ne peuvent pas éprouver du plaisir. L'avortement, l'euthanasie et l'infanticide seraient donc légitimes au regard de la même morale qui conduit à protéger tous les animaux au nom des Droits de l'Homme.

Dès lors que les raisonnements s'enchaînent les uns aux autres, on est amené à toujours creuser plus profond pour épuiser tous les aspects de la théorie. Cette démarche est très prisée des philosophes dont les démonstrations successives sont étayées par une logique impeccable même si, parfois, l'expérience ne vient pas confirmer les déductions les mieux charpentées. Certains noms révérés de la philosophie, constatant que les Droits de l'Homme devaient être étendus au règne animal tout entier, se sont penchés sur le cas des plantes. Ne sont-elles pas vivantes, elles aussi ? N'ont-elles pas une forme de conscience que l'on ne peut appréhender de prime abord mais que l'on peut soupçonner néanmoins ? Certains végétaux bougent et semblent animer leurs feuilles et leurs fleurs lors de leur exposition à une lumière plus ou moins intense ou de qualité variable ; ils prospèrent ou s'étiolent pour peu que la température fluctue de manière favorable ou contrariante ou que la composition du sol leur plaise ou les dérange. Tout cela n'indique-t-il pas que le monde végétal peut éprouver, lorsqu'il est soumis à certains stimulus, ce qu'il faut bien appeler de la souffrance et aussi une espèce de plaisir ? En toute bonne logique, il conviendrait donc que les Droits de l'Homme, reconnus au règne animal, soient étendus au règne végétal.

C'est ainsi que les antispécistes, après avoir accepté les conséquences de leur théorie et s'être convertis au végétarisme ou au végétalisme, pourraient se voir réduits à la portion congrue par le simple effet de leurs propres conclusions.

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