lundi 9 avril 2018

L’impossible  vérité

La Vérité ressemble à l’horizon qui recule lorsqu’on s’en approche. On s’avance pour voir ce qu’il cache et on le découvre aussi lointain et couvert des mêmes mystères. Ainsi de la Vérité qu’on croit toujours saisir et qui se dérobe toujours. D’abord la Terre plate avec les étoiles pendant comme des luminaires accrochés à la voûte céleste ; puis la Terre immobile au centre de l’univers avec le Soleil tournant autour d’elle ; puis la Terre parcourant une orbite autour du Soleil fixe ; puis le Système solaire emporté comme un fétu dans le tourbillon de la Galaxie ; puis la Galaxie et son amas de sœurs jumelles attirées toutes vers l’infini ; puis, après avoir recensé des millions et des milliards d’objets célestes plus éloignés les uns que les autres, on aboutit provisoirement sans doute à un big-bang originel avant que de nouvelles questions viennent se poser à l’esprit qui reprendra alors sa marche vers un horizon encore plus énigmatique.

Tous ces efforts sont peut-être vains mais ils pourraient servir à éliminer des hypothèses sans consistance qui ne sont que des illusions car la croyance est souvent plus forte que le fait. Et si l’expansion de l’univers n’était qu’un trompe-l’œil ? Si l’univers était infiniment grand ou infiniment petit selon la manière dont on le regarde ? Hérésie ! s’exclameront l’ensemble des érudits qui sont aussi des adorateurs de l’expansion. Assisté des formidables outils astronomiques qu’il a conçus, l’esprit humain peut apercevoir l’univers animé d’un grand mouvement d’expansion qui pourrait avoir pour origine l'explosion d'une minuscule mais néanmoins supersupersupernova cause première du temps et du monde. Mais peut-être ne voit-il que ce qu’il veut voir. Et ses télescopes les plus grands, ses ordinateurs les plus puissants et ses théories les plus savantes n’auraient été façonnés que pour confirmer ce qu’il croyait déjà savoir et non point pour découvrir ce à quoi il n’a pas encore pensé.

Au fur et à mesure que le télescope tourne son œil de verre vers le passé du monde, vers le point oméga d’où il aurait surgi, il ne voit que nébuleuses qui poudroient, particules qui chatoient et vide qui tournoie.

Le big-bang pourrait n’être qu’un leurre qu’on s’acharne à regarder de plus en plus près. On le voit de plus en plus petit, infiniment. Et toujours des galaxies, des particules et du vide, infiniment. Infiniment petits.

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