lundi 5 mars 2018

Le  prolétaire  et  la  révolution

Depuis le XIXe siècle, le prolétaire est défini comme l'ouvrier de l'industrie qui n'a pour toute fortune que la force de ses bras.

N'ayant rien à perdre, le prolétaire est disponible pour la révolution.

On opposait souvent le prolétaire à l'ouvrier agricole qui n'a pas développé les mêmes qualités de solidarité et de sacrifice. L'ouvrier agricole serait égoïste et aspirerait à la possession de la terre ce qui l'écarterait de la lutte révolutionnaire.

Mais aujourd'hui, il n'y a plus de prolétaires. Et on ne parle plus guère d'ouvrier. La population est constituée de travailleurs, terme générique qui désigne aussi bien les ouvriers que les employés et même toute personne occupée non seulement dans l'industrie mais aussi dans le commerce ou ailleurs. La majorité des travailleurs sont propriétaires de leur habitation. Ils gèrent leurs économies et passent leurs vacances dans des pays lointains et ensoleillés. Ils ne sont plus disponibles pour la révolution. Même les moins bien lotis tiennent à leurs maigres avantages : l'une ou l'autre allocation.

Comme presque plus personne n'est résolu à prendre les armes pour monter à l'assaut du Palais d'Hiver ou de tout autre symbole ou forteresse capitaliste, la révolution doit prendre d'autres formes.

Les anarchistes n'ont jamais regardé les prolétaires comme les seuls porte-glaives de la révolution. Ce sont les marxistes qui, il y a 150 ans, après avoir divisé la société en classes antagonistes, ont décrété que la mission historique des damnés de la terre était de renverser le capitalisme et d'instaurer le socialisme.

À présent que le temps et les épreuves ont érodé les certitudes trop carrées, que le socialisme autoritaire s'est écroulé sous le poids de sa propre doctrine, plus que jamais, l'anarchie reste la seule alternative au capitalisme.

L'appel des anarchistes à la solidarité, à l'égalité et à la liberté s'adresse à tous, à tous ceux qui partagent le même idéal, indépendamment de leur situation, de leur éducation, de leur condition sociale. L'insurrection contre les oppresseurs et les profiteurs n'est pas le propre du prolétariat. Il est de tous les temps et de tous les milieux. Mais sans qu'elle soit une exclusivité des anarchistes, la révolution reste au cœur de leur combat.

En attendant le réveil des consciences, la flamme doit être entretenue par une guérilla de tous les instants. Chacun à son niveau, par l'exemple, par des actes en groupes ou isolés, par la désobéissance civile, en participant aux manifestations et aux autres initiatives contestataires, en résistant aux sirènes capitalistes, en se révoltant contre les abus du système représentatif, en inventant de nouvelles formes de lutte, pas à pas le refus de la société hiérarchique et des inégalités avancera dans les esprits.

Toute autorité est illégitime et s'exerce toujours par la violence. Et c'est pourquoi elle doit être détruite par tous les moyens et d'abord par la révolution anarchiste.

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