lundi 27 novembre 2017

La création de l’Europe des six en 1951 a donné l’occasion aux cosmopolites de faire bonne chasse. Ils ont garni leur gibecière, déjà bien rebondie, des pays qui allaient mettre en commun une partie réduite mais significative de leur souveraineté, premier embryon d’un organisme plus important promis à des développements ultérieurs et, conséquemment, engavé de nouveaux abandons de liberté.

Au fil du temps, le groupe des six attirèrent à eux d’autres pays. Ils formèrent, ensemble, l’Union Européenne, un conglomérat de 28 États. Ceux-ci abandonnèrent une partie de leur essence propre, principalement culturelle, à un pouvoir supranational en échange d’avantages économiques.

Cette grande zone de libre échange apparaissait comme prometteuse à tous les participants. L’Europe et ses 500 millions d’habitants pouvait prendre rang dans la compétition commerciale mondiale où des géants s’imposaient aux pays de moindres dimensions dont l’influence était réduite.

Mais les cosmopolites veillaient. Sous les prétextes les plus creux et inconsistants, ils cherchèrent et réussirent à toujours augmenter les pouvoirs dévolus à l’Europe au détriments des pays qui la constituaient.

La Commission prit bientôt une importance démesurée, grignotant petit à petit les pouvoirs des États. Ceux-ci, après avoir abandonné quelques prérogatives pour permettre le bon fonctionnement de l’institution, durent céder de plus en plus de leur substance médullaire au point que, sur bien des sujets, ils furent dépouillés jusqu’à l’os. L’Union européenne se conduisit bientôt comme un État, émettant quantités de directives impératives, contrôlant méticuleusement leur application, pinaillant, accusant et contraignant.

L’Union établit aussi quantités d’institutions aux adventices incoercibles ; elle embaucha des dizaines de milliers de fonctionnaires et même créa de toutes pièces un parlement pléthorique tout à fait inutile et superfétatoire, voie de garage pour politiciens au rencart, dont les centaines de députés oiseux et fainéants jouissent de privilèges exorbitants et de rémunérations indécentes.

Là où valse les milliards croît et prospère toujours la corruption. Entourée de lobbys bourdonnants comme des nuées de mouches invasives se pendant à ses basques, l’Union européenne est un breuil où prospèrent toutes les turpitudes qu’attirent les excès d’argent et de pouvoir.

Aiguillonnée par les cosmopolites, la Commission voudrait harmoniser la fiscalité dans l’Union. Ce serait franchir un pas décisif vers le démantèlement des cultures des différents États car la fiscalité est comme l’épine dorsale qui tient ensemble les différentes parties du corps social. Cette prétention a réveillé les nations. Le danger de disparaître dans l’Union européenne et de perdre son âme a remué les peuples jusque dans leurs fondements. Ils cherchent à présent leur salut dans l’affirmation de leur personnalité car la culture des États s’effiloche sous les multiples directives de l’Union. En réaction, les régionalismes se dressent et protestent contre ce qu’ils ressentent comme une agression.

L’Union européenne voulait dissoudre les cultures des États membres dans son giron. Elle était convaincue qu’elles se laisseraient gober sans résister ni combattre et qu’elle les amalgamerait sans difficulté, qu’elle en ferait une pseudo-culture européenne sans consistance dans laquelle personne ne se reconnaît, et que ce salmigondis ni chair ni poisson serait facilement subjugué. La révolte des peuples a montré que les cultures doivent être respectées, qu’on peut les associer, les juxtaposer, les relier les unes aux autres, mais jamais les dissoudre les unes dans les autres.

Le réveil des nations sera le grand échec de l’Union européenne. Ce sera le naufrage de ses hautes ambitions mais aussi, et surtout, celui des cosmopolites. Cependant, butés et teigneux, ils n’ont sans doute pas dit leur dernier mot.

Aucun commentaire: