lundi 29 mai 2017

Il restait un autre sujet sensible qui fait débat dans la société : la peine de mort. La morale généralement répandue dans le monde vise à sa suppression, arguant qu’on ne peut attenter à la vie d’autrui même dans les cas extrêmes. Ceux-ci ne manquent pas malheureusement. La majorité des pays ont aboli la peine de mort mais de nombreux autres y restent attachés en dépit des pressions dont ils sont l’objet. Néanmoins, la tendance est à la suppression de cette indignité, dans tous les cas. Un autre sujet d’âpres débats est la condamnation à une peine d’emprisonnement perpétuelle ou à une peine très longue, qui apparaît comme inhumaine et incompatible avec la dignité de la personne. De nombreux pays ont tranché en prévoyant des allégements de la peine et, finalement, une libération du condamné en considérant qu’il s’est sans doute amendé ou qu’il a changé, qu’il n’est plus la même personne. Depuis que les comportements extrêmes sont pris en charge par la psychiatrie, que celle-ci explore les recoins les plus mystérieux de la conscience et qu’elle donne des actes les plus odieux des explications ou parfois même des justifications rationnelles, les assassins les plus enracinés dans leurs crimes trouvent des défenseurs pour reconnaître en eux, après des années d’enfermement, des personnes différentes de celles qu’elles étaient lorsqu’elles furent condamnées. Relayés par l’opinion et les médias progressistes, les psychiatres s’élèvent contre la détention de personnes qui, de coupables dans un passé lointain, sont devenues, par l’effet du temps, des innocents qui n’ont plus du tout leur place en prison.

L’obsolescence de la peine de mort comme des peines perpétuelles est dans l’air du temps et gagne du terrain parmi les philosophes, les moralistes, les penseurs et beaucoup d’écrivains.

La sensibilité de l’Église aux courants, même les plus légers, qui agitent la société s’est manifestée principalement par l’aggiornamento de sa doctrine et de ses pratiques ; elle s’était entièrement modernisée et réformée au milieu du XXe siècle. Elle ne pouvait pas rester de marbre lorsque tant de voix s’élèvent pour appeler à la clémence envers les fautes les plus lourdes, envers les crimes les plus sordides, envers les péchés les plus abominables. Par la force des choses, l’enfer prenait séance au conseil des théologiens avec ses facettes tour à tour limpides et sombres, sans qu’il soit possible d’y voir clair, de décider en toute certitude. L’Église était partagée entre abolitionnistes et réactionnaires. Pouvait-on encore autoriser Belzébuth à présider le sabbat les nuits de Walpurgis ?

Les publications du Vatican furent d’abord hésitantes avant d’être plus précises pour finalement décider en accord, comme on s’y attendait, avec les attentes des intellectuels qui font l’opinion dans la société.


"Puisque le Christ est mort pour tous, et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal."

"La volonté salvifique universelle de Dieu et la médiation corrélativement universelle du Christ signifient que toutes les notions théologiques qui, en définitive, remettent en question la toute-puissance de Dieu, et en particulier sa miséricorde, sont inadéquates".

"D’ailleurs, puisque Dieu nous a révélé dans son fils que nous sommes sauvés et sauvables par pure grâce, et jamais par nos œuvres, comment en serait-il autrement ?".

"Car que serait un Dieu, déclaré par ailleurs tout-puissant, qui serait à jamais incapable de délivrer de ses mortels prestiges une liberté, reçue sans avoir été demandée, qui pourrait devenir pour celui qui en bénéficie un piège de douleur et de haine, et cela durant l’éternité ?".


Le jugement fut difficile à motiver, car les mots, comme on l’a vu, semblaient se rebeller contre le sens qu’on voulait leur faire dire. La décision tomba finalement mais avec le secours de la prière dont l’influence surnaturelle incline à prendre le parti de la vérité et de la raison.

Le Vatican a donc éteint les feux éternels après avoir obtenu, on le présume, l’assentiment du Très-Haut. On n’entendra plus le ricanement de la Bête derrière la grille de fer. On ne humera plus le fumet des civets rissolant dans les fours infernaux. Le grill a fermé ses volets. L’enfer s’en est allé à petits pas. Il semble s’être volatilisé. Il s’est dissous comme la fumée d’une cigarette, comme la mémoire d’un vieil homme.

Nous irons tous au paradis.

Et AH sera le saint patron des végétariens.


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