lundi 10 avril 2017

Les pères conciliaires étaient satisfaits de leur travail. Ils pensaient avoir fait œuvre pie. L’Église catholique était rénovée. Elle allait prendre un nouvel essor comparable à celui qu’elle avait connu après le concile de Trente.

Tout cela n’était qu’illusion et aveuglement.

L’Église catholique venait de se suicider.

L’entêtement de Paul VI et de ses inspirateurs avaient écarté tous les avertissements. Ils avaient circonvenu le concile et lui avait tenu la main lorsqu’il signa l’acte de décès de l’Église catholique deux fois millénaires. Dans la foulée, ils avaient présidé à ses funérailles. La clôture du concile fut grandiose, mais l’importance de l’événement méritait bien le déploiement des fastes et des ors de Saint-Pierre de Rome. Requiescat in pace.

L’aggiornamento s’était terminé en tragédie, mais les acteurs n’en avaient pas encore conscience.

De leur côté, les jésuites triomphaient. Ils avaient obtenu tout ce qu’ils avaient voulu. L’Église était maintenant socialo-marxiste et adaptée à la société communiste du futur dont la théologie de la libération était une prémisse.

C’est à ce moment que les premiers craquements se firent entendre dans les soubassements de la forteresse soviétique réputée inexpugnable et éternelle. A la surprise générale, des fissures apparaissaient aussi sur ses murailles et courraient déjà jusqu’au sommet ; ces signes inquiétants provoquèrent l’affolement chez les uns et l’espoir chez les autres.

Les jésuites conservèrent leur sang-froid. Ils savaient que le progrès pouvaient ralentir son expansion et même sembler parfois hésiter mais l’avenir était écrit dans les masses en mouvement. La vague amorcée dès la révolution d’octobre allait reprendre sa marche en avant et engloutir à coup sûr le capitalisme et ses suppôts.

Il restait à faire le bilan du concile.

Le centre de la doctrine chrétienne, le moment où Dieu apparaît presque, où il s’offre aux fidèles, la messe et son mystère a changé de nature sous l’inspiration de l’esprit sans forme qui enveloppait le concile. La consécration n’est plus un miracle. L’hostie n’est qu’un symbole que l’on peut adorer ou maltraiter à sa guise. La messe est une cérémonie dont le sommet est l’homélie, une harangue politique destinée à convaincre l’assemblée des mérites de l’un ou l’autre aspect du socialisme.

L’universalité de l’Église est consacrée comme elle ne l’a jamais été. Elle convie le monde entier à se réjouir avec elle des progrès du collectivisme dans les esprits mais aussi dans les pratiques des États. Les chrétiens de toutes obédiences sont invités au banquet de l’égalitarisme pontifical, la doctrine de l’Église rénovée. Les juifs et les musulmans sont aussi semondus sans oublier les athées qui ont droit à des places en velours en raison de leur importance politique et de leur nombre grandissant.


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