lundi 13 février 2017

Les relations entre juifs et chrétiens ont toujours été difficiles. Avant l’irruption des chrétiens dans l’histoire, les juifs s’étaient accommodés de la Bible des LXX et de la thora rédigées en grec. Tout leur semblait facile et ils vivaient dans le meilleur des mondes. Mais, avec la confiscation de la Bible par les chrétiens et leur prétention de prouver que c’est leur propre Messie qu’annoncent les prophéties ; face aussi à leur prosélytisme agressif visant finalement à convertir la population entière de l’empire romain en commençant par les juifs ; ceux-ci regimbèrent. Ils se mirent alors à rédiger leurs propres commentaires de la Bible mais ils se heurtèrent aux écrits chrétiens de plus en plus nombreux, très savants et érudits. C’est pourquoi ils prirent l’habitude d’écrire beaucoup, sans reprendre haleine, pour tenter d’égaler leurs adversaires en critique biblique mais, sur ce plan, la théologie chrétienne, sa fourmilière de subtilités et ses multiples chicanes sont sans pareilles et ressemblent plus à un déluge ou à une cataracte. Les juifs rejetèrent alors l’arme principale des chrétiens, la Bible des LXX et le grec pour adopter la langue morte des phéniciens qu’ils appelèrent hébreu pour faire croire qu’ils en étaient les inventeurs. Ils réécrivirent la thora dans cette langue ressuscitée très semblable d’ailleurs à l’araméen en vogue alors. On observe que dans leurs écrits, les chrétiens indiquent toujours leurs emprunts aux juifs. Mais, lorsque les juifs utilisent les travaux des exégètes chrétiens, ce qui est fréquent, ils ne le disent jamais.

Au cours des siècles, les juifs ont dû affronter les chrétiens dans des disputations où ils devaient appuyer leurs prétentions sur des textes et se défendre dans des débats rhétoriques. Ces disputes ont généralement tourné à leur confusion en dépit de leurs intoxes et des mensonges dont ils sont coutumiers comme Luther le constatera ; les chrétiens, surtout des dominicains, étaient beaucoup plus compétents et savants ; ils n’ont jamais éprouvé beaucoup de difficultés à déjouer les ruses des rabbins.

Dans les premiers temps, l’énergie des chrétiens était surtout consacrée aux conversions. Leurs zélateurs avaient obtenu de grands succès aux dépens des juifs dont les efforts dans ce domaine se virent rebutés et bientôt broyés sous la meule chrétienne.

Pour rallier les juifs, généralement réfractaires, les chrétiens avaient institué, dès le VIIe siècle, la récitation d’une prière spéciale le vendredi saint pour leur conversion. Par mépris pour les juifs déicides, cette prière, par exception, n’était pas récitée à genoux, mais debout.

"Prions même pour les juifs perfides ; afin que le Seigneur notre Dieu enlève le voile qui couvre leur cœur, et qu’ils reconnaissent avec nous notre Seigneur Jésus-Christ. (On n’invite pas ici à fléchir les genoux.) Dieu tout-puissant et éternel, qui de votre miséricorde n’excluez pas même l’infidélité juive, exaucez les prières que nous vous adressons pour ce peuple aveuglé ; afin qu’ayant reconnu la lumière de votre vérité, qui est le Christ, ils soient enfin tirés de leurs ténèbres. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur qui vit et règne avec vous dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu par les siècles des siècles. Ainsi soit-il."

Ce manège montre combien piquantes étaient les relations entre les juifs et les chrétiens. Ils recherchaient les occasions de se flétrir ou de se flageller les uns les autres, parfois outrancièrement.

En 1942, les juifs déclenchèrent une offensive contre les catholiques. Ils informèrent le Vatican de la persécution entreprise par le Troisième Reich contre les juifs et du sort tragique de leurs communautés. La réaction de Pie XII ne fut pas à la hauteur de ce qu’espéraient les autorités juives ni non plus de ce qu’elles pouvaient redouter. Le pape protesta formellement dans son message de Noël 1942 mais, alors que l’on attendait une condamnation solennelle et publique adressée aux chrétiens du monde entier, le diplomate Pie XII resta en deçà tout en confiant aux Églises de tous les pays le soin de prendre les mesures appropriées à la situation en tenant compte de leurs situations propres de manière à éviter d’attirer la persécution sur elles-mêmes.

La conduite du Vatican a fait l’objet de nombreux commentaires, souvent défavorables et parfois fort critiques même s’il est incontestable que beaucoup de juifs ont été sauvés à l’initiative du pape et qu’il a reçu de nombreuses manifestations de reconnaissance de la part des représentants des associations juives.

Mais, pour être équitable, il faut aussi rappeler les ambiguïtés des associations juives lors de la persécution des juifs hongrois. En 1944, lors de cette affreuse épreuve, alors que les convois emmenaient quelque 500.000 juifs vers un destin tragique, que le bout du chemin était une gare finale, les responsables juifs étaient parfaitement informés de la destination des trains puisqu’ils avaient, dès 1942, rapporté au Vatican la nature du crime qui se perpétrait. Sachant tout, elles n’ont rien fait. Pourquoi les responsables juifs n’ont-ils pas informé les malheureux déportés du sort qui les attendait ? Pourquoi ne les ont-ils pas incités à la révolte pour tenter d’entraver au moins le drame final dont ils connaissaient l’issue ? Ils ont regardé d’un œil passif ou complice l’embarquement des centaines de milliers de malheureux sans lever le petit doigt alors qu’ils pouvaient et devaient agir. Ne sont-ils pas coupables d’une passivité intéressée alors que le Vatican a tenté et risqué ce qu’il était humainement possible pour faire avorter au moins en partie ce projet assassin ?


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