L'expansion de la religion chrétienne, en dépit de tous les obstacles semés sur son parcours, n'a pu être freinée. Les chrétiens se répandent comme le chiendent et on en retrouve partout, dans les villes et les campagnes, dans les administrations et les armées, dans les élites politiques et la haute aristocratie.
Le constat de son emprise est d'abord avalisé en 313 par Constantin qui, par l'édit de Milan, met la religion chrétienne sur le même pied que les autres religions.
Mais c'est l'empereur Théodose Ier qui, en 380 par l'édit de Tessalonique, proclame le christianisme religion d'Etat et proscrit tous les autres cultes.
A partir de ce moment, deux pouvoirs vont cohabiter, celui de l'empereur et la religion chrétienne, l'un renforçant l'autre.
Jusque-là persécuté, le christianisme devient persécuteur. Les temples sont détruits ou convertis en églises, les fidèles d'autres croyances et les rebelles sont vilipendés, spoliés et encagés.
Partout dans l'empire romain, tout autour de la mare nostrum, depuis l'orient lointain jusqu'aux confins germaniques, les chefs-d’œuvre de l'architecture, les temples, palais, théâtres, cirques, tout est saccagé, renversé. L'ensemble des monuments tellement précieux, héritage des siècles, témoins irremplaçables d'une civilisation éclatante, tout est avili, brisé, anéanti. Les merveilles de la statuaire antique, les représentations des dieux, des empereurs, des philosophes et des personnes renommées, tout est mutilé, défiguré, vandalisé, pillé. Le Colisée devient une carrière de pierres ; la colonne trajane ne doit son salut qu'à la statue de saint Pierre que l'on a placée à son sommet ; les sanctuaires sont profanés ; les tombeaux sont violés. Les pertes pour le patrimoine, pour la civilisation et pour l'histoire sont irremplaçables. Jamais un tel désastre, une telle catastrophe ne s'était abattue sur les trésors que le génie humain avait accumulés au cours des âges.
Il n'en reste aujourd'hui que des ruines désolées.
Alors que des chrétiens pillent et saccagent les monuments antiques, leurs coreligionnaires s'en prennent aux personnes. Les païens, les juifs déicides, les hérétiques, les asociaux de tout poil sont les cibles d'une répression aveugle. Ils sont poursuivis, lynchés, suppliciés et mis à mort.
En quelques années, le christianisme aura ruiné l'empire romain et l'ensemble de ses valeurs. La civilisation la plus achevée et la plus puissante de l'histoire a disparu presque sans coup férir. Les chrétiens ont abattu l'arbre pour manger son fruit, même si celui-ci était sans doute mûr, ou même déjà blet. Mais la mort du géant ne présageait rien de bon.
Après avoir affaibli puis détrôné l'antiquité, après avoir détruit ses merveilles matérielles et intellectuelles, le christianisme allait instaurer son césarisme : un pouvoir religieux complet. De 380 à 1543 après J.C., ce fut le moyen-âge, le temps du catholicisme. Un voile obscur allait recouvrir l'Europe et s'étendre même au delà. Le pétrissement d'un homme nouveau allait être entrepris : l'homo catholicus.
Les changements imposés dans la société sont tellement importants qu'il faudra un millier d'années à compter du début de l'ère chrétienne pour que le catholicisme installe partout sa prééminence, sa hiérarchie, sa théologie, son pouvoir décidément absolu. Jusqu'à l'an mil, le catholicisme s'applique à soumettre les populations à ses lois ; il les courbe à son credo ; il les rassemble dans ses églises ; il en fait un seul peuple subjugué, assujetti aux obligations confessionnelles, obsédé par son salut et par le repoussoir de la damnation. L'action missionnaire prendra des siècles. Elle aboutira finalement mais empêchera tout autre activité.
C'est seulement vers l'an mil que l'Eglise, régnant jusque-là sur un désert artistique, est enfin devenue omnipotente. Elle entreprend de nouvelles constructions. L'art roman peut commencer à se déployer et beaucoup d'églises sortent de terre ainsi que de nombreux monastères. Les techniques utilisées ne sont pas différentes de celles mises au point par les romains. Il n'y a pas eu d'évolution. Il faudra attendre la croisée d'ogive et l'arc boutant pour que des édifices originaux voient le jour. Ce sera l'art de l'Ile de France, le gothique et ses cathédrales aussi hautes que sinistres. Un immobilisme minéral prend fin. L'Eglise se sera acharnée pendant des siècles à convertir les masses, souvent de force, au revenant-bon d'un contrôle dogmatique sur les consciences et sur les comportements.
Jusqu'à la Renaissance où ses vérités seront enfin disputées, l'Eglise empêchera toute évolution dans les connaissances. Pour Elle, tout a été dit avec la Révélation et il n'y a rien à ajouter. C'est pourquoi les sciences piétineront pendant mille années. Il n'y aura aucun progrès tangible en astronomie, en physique, en chimie, en médecine, en mathématiques, en biologie, ni en aucune autre science. Le savoir restera ce qu'il était quand il ne régressera pas car la religion ne permettait pas qu'on s'éloigne du dogme. Mille années ont été perdues pour la science.
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