lundi 19 décembre 2016

Après son illumination extatique sur le chemin de Damas, Paul avait tout compris ou plutôt, il avait tout imaginé, au moins dans les grandes lignes. Il allait compléter cette esquisse et l'affiner en un ensemble théologique véritablement extraordinaire.

A la suite du péché originel, Dieu avait condamné Adam et Eve à mort, mais aussi tous leurs descendants. L'humanité tout entière devait donc mourir, être anéantie irrémédiablement, corps et âme, sans l'ombre d'une possibilité de survie ou d'une impossible résurrection.

Sous l'empire de l'Ancien Testament, la vie se terminait toujours par un anéantissement inévitable et total. Mais, exceptionnellement, Dieu avait consenti, en remerciement pour des services rendus, d'accorder aux factotons dévoués un sursis important. Par faveur divine, les patriarches avaient vécu plus qu'il n'était permis aux autres membres de l'humanité. C'est ainsi que Mathusalem a vécu 969 ans, Adam 930 ans, Noé 950 ans, Abraham 175 ans, et Moïse 120 ans. Plusieurs autres anciens riz-pain-sel ont aussi bénéficié du même geste de débonnaireté avant de disparaître pour toujours.

Mais le Christ est venu. Il a annoncé aux apôtres et au monde l'avènement d'une autre vie, la promesse d'un avenir bienheureux, masqué jusque-là et dont Paul sera le porte-parole et le commentateur attitré.

Le sacrifice de la croix, où le Messie s'était donné à la mort pour le salut de l'humanité, avait racheté tous les péchés du monde et donc aussi le péché originel. Dès lors, les êtres humains ne mourraient plus, ils trépassaient, ils passaient de l'autre côté, dans un autre monde. Les âmes désormais immortelles attendaient la parousie, moment où toutes les âmes trépassées lors du décès retrouveront leur corps qui ressusciteront à l'image du Christ lui-même.

L'évangile de Jean donne l'exemple de Lazare, ami du Christ, mort et enterré depuis plusieurs jours. Il était anéanti pour l'éternité puisqu'il était décédé avant le sacrifice de la croix. Mais, par un miracle extraordinaire, le Christ lui rend la vie et le sort de la tombe. Lazare renaît donc corps et âme. Il se convertit au christianisme et continue de couler des jours paisibles et sans histoire jusqu'après la mort du Christ. L'âge venu, il trépasse et, son âme étant à présent immortelle, il bénéficiera le moment venu de la résurrection et de la vie éternelle.

Le jour dernier, au son des trompettes de myriades d'anges, les corps de tous les êtres humains morts après le sacrifice de la croix ressusciteront et retrouveront leur âme. Sur un nuage de gloire et dans la majesté de sa toute-puissance, le Christ reviendra pour le jugement dernier. Les bons seront récompensés par le Paradis tandis que les mauvais seront damnés et précipités en Enfer.

Mais on ne peut entrer au Paradis que par la porte : le baptême.

Pie IX : "En dehors de l'Eglise catholique, personne ne peut être sauvé".

"Hors de l'Eglise, point de salut" ont martelé les papes au cours des siècles.

C'est par le baptême qu'on est incorporé à l'Eglise. Il n'y a pas d'autre moyen d'être sauvé et d'éviter d'être damné.

(Jn 3, 5) "Jésus répondit : 'En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer au Royaume de Dieu.' "

(Jn 3, 18) "Qui croit en lui n'est pas condamné ; qui ne croit pas est déjà condamné".

Pour être admis au Paradis, deux conditions intangibles doivent se rencontrer : il faut avoir la foi et être baptisé.

(Mc 16, 16) "Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné".


Selon Paul et les évangiles, le sacrifice de la croix marque la fin des temps. A partir de ce moment, le monde est entré dans l'inter-temps, une période d'attente qui se terminera par le retour en gloire du Christ pour le jugement dernier.

L'inter-temps devait être de courte durée comme l'évangile de Jean l'atteste d'ailleurs.

(Jn 16, 16) "Sous peu vous ne me verrez plus et puis un peu encore et vous me verrez."

De son côté, Paul était tellement persuadé de l'imminence de la parousie qu'il croyait qu'elle aurait lieu de son vivant et qu'il ne mourrait pas. Il explique dans ses épîtres comment ce miracle d'exception se produira, comment les morts ressusciteront et comment lui-même et les autres alors vivants seront transfigurés, comment dès lors ils seront immortels et immarcescibles, comment sa propre substance sera métamorphosée, comment il changera d'apparence, comment son corps désormais nitescent sera semblable à celui du Christ ressuscité.

(1 Co 15, 51,52,53) "Oui, je vais vous dire un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous, nous serons transformés. En un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, que cet être mortel revête l'immortalité."

(1 Th 4, 15,16,17) "Voici en effet ce que nous avons à vous dire, sur la parole du Seigneur. Nous, les vivants, nous qui serons encore là pour l'Avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui seront endormis. Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l'archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu ; après quoi nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours."


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