lundi 28 novembre 2016

Dès son aurore, le christianisme a dû s'accrocher à ses certitudes à peine de disparaître et d'être étouffé par le judaïsme. Celui-ci est anthropophage ; il absorbe ou élimine ses petits lorsque leurs développements risquent de lui porter ombrage et de lui faire concurrence.

Le christianisme avançait en cahotant tout en risquant à tout moment de verser dans le judaïsme et d'y être englouti comme le furent les sectateurs de Jean-le-Baptiste. Mais Marcion vint et sortit l'apôtre Paul du puits au fond duquel il était oublié. Dès lors, sauvé du recoin où il se fanait avant d'avoir germé, le christianisme réussit à desserrer les nœuds du judaïsme qui menaçait de l'étrangler et à fusionner certains de ses mailletons à peine éclos avec le paulinisme pour développer une religion nouvelle, séduisante mais fantastique.

Or donc, après avoir installé Adam et Eve dans le Paradis terrestre, Dieu leur fit cette interdiction :

(Gn 2, 17) "Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement".

(Gn 3, 3) "Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort."

Il n'est point nécessaire d'épiloguer ni d'être clairvoyant pour deviner que l'interdiction est intenable et que la curiosité l'emportera. Nul besoin d'un diable pour circonvenir Eve ni pour stimuler ses ardeurs. Mais, on voit que le diable était aussi invité à jouir des merveilles du Paradis terrestre. La perfection n'y régnait donc pas vraiment.

Dans l'antiquité, on ne parlait pas du bien ni du mal, mais plutôt de sagesse et d'iniquité. Ces notions ne tirent pas à conséquence, à aucun bénéfice ni aucun désavantage. Ce sont les Perses qui ont introduit le bien et le mal dans tout le Proche-Orient. Ces principes zoroastriens impliquent une récompense et un châtiment. Dans la vie terrestre, le bienfait n'est pas toujours reconnu ni le méfait toujours puni. Il faut attendre le passage dans l'au-delà pour que les comptes soient clôturés avec exactitude avant que s'ouvrent les portes du paradis pour les bons et les grilles de l'enfer pour les autres. C'est de là que, inconnue jusqu'ici, vient l'idée extraordinaire et peut-être géniale de la vie après la mort.

Evidemment, puisque Dieu est omniscient, il savait qu'Adam et Eve chuteraient, qu'il aurait l'occasion de faire gronder le tonnerre de sa colère et qu'il punirait cruellement.

(Gn 3, 19) "A la sueur de ton visage, tu mangeras ton pain, jusqu'à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise".

C'est le péché originel, transmis de génération en génération ; c'est la malédiction suprême.

Et depuis lors, tous les êtres humains meurent. Ils sont anéantis, irrémédiablement, sans recours, sans merci, sans espoir, sans expectation. Pour l'éternité.


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