lundi 31 octobre 2016

Qu'on ne s'y trompe pas : les évangiles ne sont nullement des biographies mais des livres de théologie destinés à convaincre une population illettrée. C'est la base minimale à laquelle les chrétiens doivent adhérer. Même si, à l'évidence, les évangiles sont copiés les uns sur les autres et parlent des mêmes faits, ils ne sont pas destinés à faire connaître des péripéties de la vie de Jésus ; ce sont des prétextes et ils peuvent avoir été romancés ; ce sont des vérités à transmettre au peuple des catéchumènes. L'existence réelle de Jésus reste une énigme.

Une autre grande figure apparaît à l'origine du christianisme. C'est un personnage tout compte fait plus important que Jésus par son œuvre et par son enseignement. C'est l'apôtre Paul.

Bien que les vicissitudes de son existence soient considérées comme connues, elles ne sont nullement avérées et conservent une part importante d'obscurités. Alors que, en l'an 32, il voyageait sur le chemin de Damas, il fut terrassé et ébloui par une lueur aveuglante. Jésus lui apparut alors et lui prodigua son enseignement. Convaincu et converti, Paul consacra le reste de sa vie à propager la religion nouvelle. Il fut tellement efficace qu'on peut le désigner comme le véritable fondateur du christianisme sans lequel cette religion aurait rapidement disparu après avoir végété quelque temps parmi les apôtres incultes et incapables.

Les circonstances de la conversion de Paul ont donné lieu à bien des commentaires où l'incompréhension le dispute au scepticisme.

Ce phénomène spiritualiste est mieux connu aujourd'hui et il n'a rien de surnaturel comme on l'a cru jusqu'à récemment.

Depuis le milieu du siècle dernier, le développement du mouvement charismatique a bénéficié de l'approbation des autorités ecclésiales. Les fidèles se réunissent dans une église ; ils forment un cercle en se tenant les mains et s'encouragent les uns les autres à méditer, à se concentrer sur une idée pastorale, à approfondir son sentiment de communion avec Jésus. C'est un exercice de communication avec les autres mais aussi avec soi-même selon sa sensitivité. Parfois, emportés par l'ambiance, impressionnés par le rituel et le cérémonial, certains participants sont pris de transes, de spasmes ; ils sont comme possédés par une force invisible ; ils peuvent tomber sur le sol et s'agiter comme s'ils étaient en proie à une possession. Les croyants y voient l'expression d'une foi transcendante et supérieure par rapport au credo commun. En fait, ce phénomène est connu depuis longtemps dans des sectes diverses comme dans le vaudouisme. Il s'agit d'autosuggestion, une espèce d'hypnotisme que l'on appelle mysticisme lorsqu'il s'agit de la religion.

La conversion de Paul s'inscrit dans ce contexte mais, alors que le sujet est en proie à un phénomène mystique par autosuggestion, il se domine néanmoins et s'applique à contrôler sa méditation ; il peut alors approfondir encore son introspection pour, enfin, entrer dans une phase d'extase. Comme on le devine, et même si l'extatique croit avoir affaire à une apparition, il voit en réalité l'objet de son pensement, Jésus en l'occurrence, qui lui dispense son enseignement, lequel est évidemment entièrement en accord avec ce qu'il souhaitait entendre. Dans ses écrits, Paul indique qu'à plusieurs reprises Jésus lui est apparu et, à chaque fois, a complété son enseignement afin de le confirmer dans son action missionnaire. On comprend facilement que Paul avait besoin d'être convaincu et soutenu. Le moyen qu'il a découvert, inconsciemment, l'a guidé et accompagné tout au long de son existence.

Paul est plus qu'un mystique. C'est un extatique comme dans la même veine, Thérèse d'Avila, François d'Assises et quelques autres.

Un apôtre est un homme qui a vu et reçu directement l'enseignement de Jésus sans intermédiaire. C'est le cas des douze. Mais, convaincu qu'à l'occasion de ses extases et, en ces occasions, ayant vu Jésus et reçu son enseignement, Paul se considère comme un apôtre. La tradition de l'Eglise l'a suivi sur ce point.


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