lundi 24 octobre 2016

De longues recherches dans les annales du Proche-Orient, dans les témoignages oraux ou écrits, dans les récits de voyages ou les comptes des commerçants, dans les rapports des militaires ou des autorités civiles, aucune disquisition ne donne de résultat : nulle part on ne trouve la moindre mention de Jésus. Il n'apparaît que dans les écrits chrétiens.

L'existence historique d'un personnage exige qu'il soit mentionné dans une pluralité de sources. A défaut, il peut n'être qu'un mythe, un portrait littéraire, une figure de style, un pupazzo sorti d'un ouvrage théâtral ou le héros d'une fable. Mais, des auteurs d’œuvres artistiques dont plusieurs contrées ou pays ou civilisations ont conservé le souvenir comme l'Iliade d'Homère ou les Histoires d'Hérodote ou l'Enéide de Virgile ; des hommes de guerre qui étaient aussi de grands politiques et qui ont laissé l'empreinte de leurs bottes un peu partout comme Alexandre ou Jules César ou Napoléon ; des savants illustres dont les travaux ont marqué le progrès des connaissances comme Archimède ou Euclide ou Galilée ; tous ont eu de nombreux témoins issus d'une multitude de milieux. C'est cette notoriété répandue qui démontre leur historicité.

Rien de semblable ne vient attester l'existence historique de Jésus. On trouve dans les textes du temps des références aux chrétiens et à leur fondateur comme dans la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, et aussi des allusions dans les œuvres d'autres auteurs anciens comme Suétone, Tacite et Pline le Jeune mais, dans ces occasions, il s'agit plutôt de rapporter une rumeur qui se colporte le long des chemins, ou de saisir au passage l'un ou l'autre on-dit comme dans la formule célèbre où le témoin est l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours.

Cependant, comme le christianisme a prospéré et qu'il s'est répandu sur tous les continents en englobant des milliards de fidèles en deux mille années d'existence, il doit avoir eu un commencement. Si l'on désire en retracer le parcours, et même si la démarche est un peu difficile intellectuellement, il faut convenir qu'il a un fondateur et que celui-ci est Jésus.

Des rames de papier ont été noircies pour gloser de la personne de Jésus, de ses d'origines, de sa parenté, de l'environnement dans lequel il vivait pour conclure qu'il était grand ou petit, ou qu'il était barbu ou glabre, ou qu'il était de sang mésopotamien ou indien et même qu'il avait une descendance. Les théologiens, les philosophes et même les amateurs plus ou moins éclairés se sont attelés avec jouissance et presque délectation à cette tâche passionnante car ils adorent tirer des conclusions d'un bout de phrase ou même d'un seul mot, puis de continuer sur cette bonne prémisse, de déduire des précisions nouvelles de leurs premières cogitations et, de manière toujours plus astucieuse et abstraite, d'hypothèse en conjecture, de supputation en extrapolation, ils confirment avec autorité ce qu'ils voulaient démontrer dès avant leur entrée en lice. Sous le poids des livres accumulés par les gendelettres depuis des siècles, la figure de Jésus apparaît comme dans un kaléidoscope, sous toutes les couleurs et toujours changeante.

Les textes des évangiles sont suffisamment clairs pour n'avoir pas besoin de tabellions pour en obscurcir la lecture. Il n'existe pas d'autre source quant à Jésus. A moins de laisser à l'imagination du romancier le soin de pimenter les épisodes trop fades au goût de l'éditeur, il faut simplement lire et accepter l'ensemble des écritures ou les rejeter dans leur totalité mais alors on se tait puisque la matière fait défaut.

La personne de Marie est sans intérêt. On ne sait rien d'elle, qu'il s'agisse de son origine ou de son destin. Les écritures sont succinctes à son égard. Elle n'est citée que huit fois dans tout le Nouveau Testament. Cela n'est d'ailleurs pas relevant car, à l'époque, la femme n'avait pas d'importance. On s'en emparait ou on l'achetait ou elle consentait à venir dans le groupe ; elle était alors simplement intégrée à la famille et devenait la mère des enfants.

Il en va tout autrement du père. Dans la société de l'époque, la filiation est patrilinéaire ; elle se transmet de père en fils. Pour déterminer l'origine de Jésus et savoir à qui on a affaire, à peine de plonger dès le départ dans l'erreur, il est tout à fait indispensable de connaître le père avec certitude.

(Mt 1, 11) "Elle se trouva enceinte du fait de l'Esprit Saint".

Le père est désigné sans ambiguïté : c'est l'Esprit Saint. Jésus serait donc un messie, un homme dont l'âme, l'esprit, serait un dieu. D'ailleurs tout au long de son existence, comme le rapporte les évangiles, il accomplit des prodiges pour indiquer qu'il n'est pas seulement un homme mais aussi un démiurge thaumaturgique.

Toute autre conclusion serait contraire non seulement au texte des évangiles mais aussi à la volonté des rédacteurs. Les objections des habituels mauvais coucheurs sont vaines.

(Mc 1, 1) "Commencement de la Bonne Nouvelle, touchant Jésus-Christ, Fils de Dieu".

(Mc 1, 10,11) "Au moment où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre sur lui ; et des cieux vint une voix : 'Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur' ".

(Mc 9, 7) "Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et de la nuée sortit une voix : 'Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le' ".

Comme la personne de Jésus n'est pas connue en dehors du Nouveau Testament, il faut conclure avec celui-ci. La société de ce temps-là étant patrilinéaire, Jésus descend de l'Esprit Saint. Et comme aucun dieu n'est juif, Jésus n'est pas juif.


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