Depuis soixante-dix ans, la communauté et les institutions juives font la chasse aux nuisibles, à ceux qui, de près ou de loin, ont eu à connaître des camps. De nombreux personnages peu reluisants ont reçu le prix de leur conduite. Mais, comme la chasse au gros ne donne plus de résultat, le gibier ayant appris à ruser avec les chasseurs, ceux-ci se sont rabattus sur le petit et le tout petit gibier, pistant et piégeant les musaraignes dans leur nid. A plusieurs reprises, on a assisté au spectacle incongru de très vieux bonhommes, dont l'âge dépassait largement les quatre-vingt-dix ans, comparaissant devant des tribunaux sous de très sombres accusations. L'un d'eux, vieillard chenu et sourd comme un pot, était porté par deux argousins jusqu'au box et devait répondre de crime de guerre pour avoir servi dans une guérite. Un autre, tremblant et encore plus âgé, avançait à petit pas en poussant son déambulateur ; il devait répondre de crime contre l'humanité pour avoir ciré les bottes d'un officier. Les accusés, ahuris, et ne comprenant rien aux débats, promenaient un regard vide sur l'assistance depuis l'au-delà où le grand âge les avaient déjà relégués. Ils furent condamnés à plusieurs années de prison sans avoir rien entendu et sans avoir su que, si les chrétiens pardonnent tout et toujours, les juifs n'oublient rien ni jamais.
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