(Ex 29, 18) "Puis tu feras fumer le bélier tout entier sur l'autel. C'est là un holocauste au parfum d'apaisement pour Yahvé ; c'est là un met consumé en son honneur".
Ce paragraphe de la Torah exprime la satisfaction de Yahvé lorsqu'un sacrifice lui est offert. C'était une façon efficace de se le concilier. Les sacrifices étaient quotidiens au temple de Jérusalem mais, après sa destruction, ils ont cessé totalement. Il n'y avait plus moyen de s'adresser à Yahvé de manière concrète. On ne pouvait plus implorer son pardon après avoir péché ou lui être simplement agréable par un geste dont on savait qu'il serait apprécié.
Les juifs expliquent les persécutions dont leur communauté a été la cible au cours des deux derniers millénaires par des punitions que Yahvé leur a infligées en expiation de leurs péchés. Les sanctions divines auraient-elles été moins sévères s'ils avaient pu manifester leur repentir par des holocaustes traditionnels ?
Au XIe siècle, lors des prédications des croisades, les foules étaient vivement invitées à se joindre aux armées pour aller libérer les Lieux Saints du joug des infidèles. Réunis en bandes, des gens échauffés par ces prêches se sont répandus dans les campagnes et les villes de France et d'Allemagne. Ils s'en sont pris aux juifs, ces infidèles déicides. S'il fallait partir vers le Proche Orient pour pourfendre les infidèles, on pouvait commencer ici en se débarrassant d'autres impies, les juifs. On pouvait reprocher aux juifs bien plus de fautes encore qu'aux musulmans. C'est ainsi que des milliers de juifs ont été massacrés un peu partout et que ces tueries se sont poursuivies pendant des semaines et des mois. Elles ont provoqué une frayeur extrême et un désarroi général parmi les juifs menacés de disparition. Les communautés se demandaient quels péchés elles avaient commis pour qu'il pleuve sur elles "du soufre et du feu venant de Yahvé".
Alors, sans doute poussés par la panique et remplis d'une terreur irrépressible, certains groupes de juifs ont voulu conjurer Yahvé et apaiser sa colère en lui offrant leurs enfants en sacrifice. "C'est là un holocauste au parfum d'apaisement pour Yahvé ; c'est là un met consumé en son honneur".
Ces sacrifices d'enfants sont attestés par de nombreuses élégies écrites à cette époque et par plusieurs chroniques qui relatent le déroulement de ces événements épouvantables. On cite Salomon bar Simson et aussi Rabbi Ephraïm bar Jacob qui raconte les sacrifices d'enfants juifs à Blois : "Près de trente-deux âmes saintes qui s'étaient offertes en sacrifice de l'après-midi à leur Créateur. Dieu senti l'odeur apaisante et celui qu'il avait choisi, c'est celui qu'il fit approcher de lui".
De quel Dieu s'agit-il ici ? De Yahvé ou de Baal ? Ou des deux confondus ?
On voudrait que de tels faits ne se soient jamais produits. Mais les traditions, surtout les plus anciennes, ont la vie dure. Elles restent enfouies pendant des siècles et, soudain, elles resurgissent lorsque les circonstances leurs sont propices.
Cette tradition monstrueuse et phénicienne était pratiquée à Jérusalem. Des sacrifices d'enfants se déroulaient dans la petite vallée de Ben Hinnom au sud de la ville. On peut encore aujourd'hui visiter les restes du tophet où les sacrifices avaient lieu.
Ces réminiscences peuvent-elles avoir encore une signification au XXIe siècle ? Peut-on oublier certaines parties de l'histoire parce qu'elles sont trop désagréables et que, de toutes façons, elles sont hors sujet aujourd'hui ? Certains le pensent, mais la réalité ne fait pas de sentiment. Le fil du temps ne s'interrompt jamais et Chronos n'oublie rien de ce qu'il a vu et entendu.
En décembre 2015, à la télé, on a vu un mariage en Israël célébré par des juifs orthodoxes. On voyait une foule de plusieurs dizaines de personnes agglomérées, dansant, chantant, et agitant les bras. Au milieu de ces gens, une personne, ressemblant à un officiant, brandissait au-dessus des têtes la photo d'un enfant palestinien récemment mort dans un incendie provoqué par des juifs fanatiques. On voyait la photo exhibée devant un poignard et on entendait les cris et les approbations bruyants des assistants.
Ceci entretient les rumeurs séculaires selon lesquelles les juifs se livreraient à des sacrifices d'enfants pour se concilier leur dieu et lui être agréable.
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