Cette histoire fantastique mérite quelques remarques.

L'Exode a été placé par les rédacteurs de la Bible dans une antiquité très ancienne, tellement lointaine que personne ne pouvait imaginer qu'on pourrait jamais vérifier l'historicité du récit. L'Exode a été reculé de 1000 années à compter de 250 avant J.C., date de la rédaction de la Septante. L'Exode se situerait donc vers 1250 avant J.C., selon les calculs des rabbins eux-mêmes. Les narrateurs de ce récit prodigieux étaient persuadés que tous les événements survenus dans une antiquité aussi lointaine étaient enfouis pour toujours dans les brumes du passé et qu'aucun fossoyeur ne pourrait jamais les exhumer.

Mais l'égyptologie a beaucoup progressé. Les archéologues ont étudié les anciennes inscriptions burinées sur les pierres des temples ou peintes sur les murs des tombes. Ils ont aussi déchiffré les hiéroglyphes des nombreux papyrus découverts au hasard de leurs fouilles.

Il se fait que les années entourant 1250 avant J.C. sont sorties des sables et sont des mieux connues. Il s'agit du règne du plus célèbre de tous les pharaons : Ramsès II soi-même. On connaît tout de sa vie, de ses activités, de ses guerres, de ses travaux, de son administration, de ses ascendants et de ses descendants comme de l'Egypte de son époque.

L'usage du papyrus était fort commun dans tout le croissant fertile au temps de Ramsès II. Les feuilles et les rouleaux de papyrus étaient même déjà abondamment employés plusieurs milliers d'années auparavant car toutes les sociétés ont un besoin constant de documents écrits. On en a trouvé partout. On ne comprend donc pas pourquoi les hébreux n'ont rien écrit. Aucun obstacle ne s'opposait à la rédaction de la Torah. Et on aurait été très intéressé par l'exemplaire autographe, rédigé en hébreux -ou en caractères hiéroglyphiques-, et signé par Moïse, son auteur charismatique. De plus et en particulier, on aurait souhaité lire la conclusion du Deutéronome qui relate la mort de Moïse. Ecrite par lui-même ? Si ce document avait existé, nul doute qu'il aurait été jalousement conservé de la première à la dernière ligne. Mais pour cela, encore aurait-il fallu qu'il y ait des hébreux pour le sauvegarder et pour le mettre à l'abri des impondérables ; encore aurait-il fallu aussi la main de Moïse, évidemment, pour le rédiger. Mais les fouilles les plus soigneuses et les plus méticuleuses n'ont donné aucun résultat. Eventuellement, on se serait satisfait, non sans une certaine frustration, d'une copie de la Torah reproduite d'après l'original. Mais de cela aussi, il faut faire son deuil. L'original de la Torah -du Pentateuque- a été écrit à Alexandrie par les derniers phéniciens qui sont aussi les premiers rabbins vers 250 avant J.C. à l'occasion de la rédaction de la Septante.