C'est ainsi que le premier juif et le premier israélite sont apparus sous la plume des rédacteurs de la LXX. Ceux-ci sont devenus évidemment les premiers rabbins. La difficulté de rendre compte de la conduite et des mœurs des phéniciens était trouvée. On leur substituait le peuple hébreu et on pouvait broder à l'infini sur les exploits de ce peuple exemplaire en conservant néanmoins une correspondance tantôt lâche et tantôt serrée avec l'ancienne civilisation phénicienne. Il fallait en effet protéger le récit contre des invraisemblances manifestes quant aux vestiges restés debout et aux coutumes encore vivaces.
La LXX, dont l'écriture est datée de 250 avant J.C., marque aussi la venue du peuple hébreu. On n'en trouve pas de trace plus ancienne, qu'il s'agisse de témoignages écrits ou archéologiques. L'étonnement des historiens et des théologiens fut considérable mais les fouilles, commencées au XIXe siècle se sont poursuivies tout au long du XXe siècle. L'acharnement des uns comme des autres à découvrir des débris et des restes autres que ceux des phéniciens n'a abouti à aucun résultat. Il n'y a aucune trace du peuple hébreu antérieure à 250 avant J.C.
Ceci est la preuve que la LXX est la Bible la plus ancienne.
La "Lettre d'Aristée" serait une autre preuve de l'antériorité de la LXX sur toute autre Bible. D'origine juive, cette lettre est datée d'environ 200 avant J.C. et raconte certaines péripéties de la fabrication de la LXX. Soixante-dix (septante) rabbins furent sélectionnés. On les enferma dans des cellules sans communication possible les unes avec les autres. On fournit aux rabbins des papyrus et le nécessaire pour écrire. Et un miracle se produisit. Les soixante-dix rabbins rédigèrent le même texte, la même torah, le même pentateuque, la même Bible. Évidemment, il n'y aurait pas eu de miracle si les rabbins avaient pu consulter une Bible plus ancienne. Ils l'auraient simplement plagiée. Mais, selon les juifs eux-mêmes, ce fut un miracle. C'est en tout cas un argument supplémentaire qui confère à la Septante l'honneur d'être la Bible la plus ancienne.
La LXX a mauvaise réputation auprès des juifs. Ils la honnissent. Cette Bible a été écrite en grec, une langue étrangère d'un peuple ennemi. Cela vexe la susceptibilité à fleur de peau des juifs et leur sentiment de supériorité. Ils auraient voulu qu'elle fût écrite en hébreu. Mais, à cette époque, l'hébreu n'existait pas encore. Il ne sera codifié et sa grammaire écrite qu'au IXe siècle de notre ère. Les auteurs de la LXX n'avaient pas de meilleur choix que le grec et il est malvenu de leur chercher querelle à ce propos. Mais le reproche capital qu'articulent les juifs à l'encontre de la LXX est l'usage qu'en ont fait les chrétiens pour démontrer que les prophéties s'étaient réalisées en la personne du Christ et qu'il était donc le Messie. Les travaux des Pères de l'Eglise sont aussi savants qu'érudits. Et la LXX leur a servi de référence constante. Cette confiscation, cette exploitation de leur patrimoine était intolérable et les juifs ont qualifié la LXX de nouveau Veau d'Or.
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