lundi 8 février 2016

Les Etats et les entreprises évoluent sur des orbites différentes. L'impôt change la donne. Et le but des Etats est original en lui-même.

Tout d'abord, l'Etat doit entretenir une poussière d'organismes qu'il a créés pour complaire à des amis et en faire des obligés. De nouveaux organismes sont ajoutés continuellement aux précédents... et la boule de neige grossit, grossit, grossit... C'est ainsi que les parasites se multiplient et que, apparemment, leur nombre s'étend comme une tache d'huile, qu'ils envahissent tout et, finalement, paralysent toute la société.

Pour financer cette course à l'abîme, les politiciens ont un moyen puissant : ils imposent les pauvres contribuables. D'année en année, les prélèvements augmentent mais, lorsque la charge est trop lourde, le cheval de trait renâcle et refuse d'avancer. Il en va de même de l'animal humain. Lorsque l'impôt s'accumule et l'écrase sous son poids, il regimbe aussi ; il proteste, déploie des banderoles et finit par se révolter. Les politiciens savent qu'en augmentant subrepticement les taxes et impôts, il est possible de dépouiller le contribuable au delà de ce qu'il serait disposé à accepter autrement. Mais, même en pondérant les augmentations d'impôt, la douleur infligée à un portefeuille devient assez rapidement intolérable. Alors, en attendant une cicatrisation souvent longue et difficile, et avant qu'une nouvelle ponction puisse être opérée, les politiciens ont recours à l'emprunt.

L'emprunt permet de continuer à dépenser sans compter car pour certains, l'argent facile devient vite une seconde nature tandis que la rigueur ou même la gestion en bon père de famille sont des absurdités lorsqu'on est à la tête des affaires d'un Etat.

Et c'est pourquoi, au fil du temps, la dette souveraine ne peut qu'augmenter. Rien ne semble capable de modérer la folie des politiciens et leur propension, apparemment irrépressible, de jeter l'argent par les fenêtres et de mettre l'Etat au bord de l'asphyxie.

L'explication est très simple : les politiciens provoquent des explosions financières parce qu'ils dilapident l'argent en dépenses de prestige associant le clientélisme et l'incompétence en un mélange détonant, d'autant plus dangereux et périlleux qu'ils ont des possibilités de financement infinies et faciles.

Pour contraindre les politiciens à un début de sagesse, ou plutôt pour les amener à la modération, il faut absolument couper le cordon ombilical qui les relie à l'emprunt. Sous quelque forme que ce soit, il faut leur interdire d'emprunter. Les finances disponibles pour tous les besoins de l'Etat ne pourront donc jamais dépasser le montant des prélèvements ainsi que les réserves éventuelles. La dette souveraine totale ne pourrait plus augmenter mais, lors d'une conjoncture favorable, elle pourrait être réduite pour pouvoir, à l'occasion d'un retournement défavorable, disposer d'un viatique financier alors bienvenu.

La contrainte imposée aux politiciens serait salutaire car ils devraient freiner et souvent refouler leurs penchants à la dépense inutile pour consacrer les revenus de l'Etat à la satisfaction des vrais besoins de la population. Et en outre, le politicien incompétent serait aussi moins fréquent par la rareté des occasions de l'être.

L'interdiction de tout emprunt devrait être étendue à l'ensemble de la zone Euro. Celle-ci est continuellement en danger d'être emportée et démantelée par des bourrasques politiciennes comme peut l'être une embarcation de migrants retournée par une vague hostile.

La cause première et presque exclusive de cette situation est, comme toujours, l'incompétence et la boulimie des politiciens qui pratiquent l'emprunt facile, la dépense de prestige mais aussi, et surtout, le détournement des fonds dans un climat habituel de corruption.

Le sauvetage de l'Euro consiste simplement à retirer le pouvoir d'emprunter aux Etats de toute la zone.

On s'apercevrait bien vite que, contrairement aux commentaires horripilés et tourmentés des politiciens qu'entraîneraient cette mesure, l'interdiction d'emprunter redresserait automatiquement les économies défaillantes et provoquerait une véritable entente financière européenne.

L'une des difficultés rédhibitoires de l'Euro serait, entend-on, l'absence d'harmonisation fiscale. Des théories sont avancées pour unifier les régimes fiscaux, mais les Etats sont plus que réticents car la fiscalité est l'un des socles du pouvoir régalien. Ce pouvoir supérieur serait fortement diminué, ce qu'aucun Etat ne peut admettre. Mais il n'est nul besoin d'une harmonisation fiscale. Celle-ci est d'ailleurs impossible car chaque pays a sa personnalité propre et se distingue de tous les autres, d'abord et surtout par sa culture. Celle-ci se manifeste dans beaucoup de domaines et aussi par la présence étatique plus ou moins forte, plus ou moins envahissante ou accommodante. Les prélèvements fiscaux sont à l'avenant, tantôt lourds et accablants, tantôt modérés et moins pénibles. La France est très étatiste, ombrageuse et interventionniste ; sa forte fiscalité se double d'une bureaucratie aussi pointilleuse que farfouilleuse et présente partout mais dont la mission redistributive est hautement revendiquée, au contraire de l'Allemagne par exemple, plus libérale et moins dirigiste, où la fiscalité est en accord avec ces principes et s'accompagne d'une présence étatique moins constante. A chaque pays, sa culture. Mais, dès lors que toute la zone Euro serait soumise à une obligation économique consistant à interdire à tous les pouvoirs politiques d'emprunter, la santé financière et le prospérité ne manqueraient pas de couronner cette union monétaire. L'exemple de la zone Euro revivifiée pourrait alors faire école.


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