lundi 25 janvier 2016

La main invisible d'Adam Smith régulerait automatiquement l'efficience des marchés car, chacun travaillant à son propre intérêt, l'activité de tous bénéficierait à chacun. Le boulanger fait un pain meilleur pour accroître sa clientèle ; les clients sont satisfaits du pain meilleur et le boulanger y trouve un profit. Tout le monde est gagnant.

Ce laisser-faire est séduisant et on voudrait y adhérer. Mais il faut constater que ce beau principe est parfois perverti. Par les banques notamment. Celles-ci, en se concertant, bénéficient d'un monopole dont elles profitent pour escroquer leur clientèle. Elles ont puisé dans l'épargne des petits pour tenter, sans d'ailleurs y parvenir, de boucher les trous sans fond creusés par l'impéritie de leurs dirigeants.

Cette situation, où les petits épargnants ont été mis en grand danger de tout perdre en raison de manipulations malsaines de quelques escrocs, ne peut se perpétuer.

Il faut élever une barrière entre l'épargne des petits et les ambitions dangereuses des banquiers pour qui, jusqu'ici, tout était permis.

Les banques ne doivent pas pouvoir cumuler leur métier avec celui d'assureur. On ne doit pas pouvoir manger à plusieurs râteliers et ratisser le foin des autres pour rendre sa clientèle captive.

Il faut supprimer la banque universelle et la diviser en banque d'épargne et en banque d'affaires.

La banque d'épargne exercerait le métier traditionnel consistant à gérer les comptes courants, à recueillir et rémunérer l'épargne, à prêter aux particuliers et aux entreprises aux conditions de sécurité ordinaires, à conserver les valeurs généralement quelconques que lui confierait sa clientèle. Elle ne pourrait jamais spéculer avec les avoirs de ses clients. Elle devrait en garantir la conservation.

La banque d'affaires serait spécialisée dans la gestion des valeurs qu'elles recevrait de ses clients dans la mesure et selon les directives de ceux-ci. Elle pourrait spéculer tout son soûl avec son argent, avec celui de ses réserves, avec celui de son capital et de ses actionnaires. Elle pourrait faire des fortunes ou tout perdre. Grand bien lui fasse. Elle ne pourrait plus nuire aux autres, spécialement aux petits, ni même à l'économie en provoquant des bulles artificielles ou des crises par incompétence.

Mais ces simples mesures de sauvegarde, pour élémentaires qu'elles soient et qu'il faudrait imposer d'urgence, resteront lettre morte. La puissance des banques est telle que rien ne peut les arrêter. Rien jusqu'ici n'a pu mettre un frein à leur boulimie. Leur main invisible mais manipulatrice intervient aussi bien dans la gestion des entreprises les plus modestes qu'au sommet des Etats d'où elle dirige les marchés financiers ainsi que les évolutions des dettes souveraines et d'où, en fin de compte, elle pourrit toute l'économie.


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