Objet de controverse, la pension est un sujet sensible, une cause de grande préoccupation pour chacun et, presque fatalement, un élément central de toute politique sociale et le champ clos où les idéologies s'affrontent.
Le schéma général est simple : la personne épargne au cours de sa vie active et, la vieillesse venue, elle pourvoit à ses besoins en dépensant les économies accumulées. Pour atteindre ce but, deux doctrines sont en concurrence : la pension par répartition entièrement aux mains de l'Etat et la capitalisation par l'assurance-vie ou le fonds de pension proposés par des entreprises, des mutuelles et des coopératives.
Le système par répartition consiste à percevoir les cotisations des actifs et à distribuer les fonds recueillis aux pensionnés. Il s'agit d'un simple transfert. Lorsque les actifs sont nombreux, des réserves peuvent être constituées et les échéances honorées même lorsque l'accroissement du nombre des pensionnés ne permet plus aux cotisations ordinaires de leur servir leur allocation. Lorsque les actifs atteignent l'âge de la pension et quittent la vie professionnelle, des jeunes y entrent et cotisent à leur tour. Ainsi, de génération en génération, les cotisations des uns servent à payer les pensions des autres. Mais pour fonctionner, ce système doit répondre à plusieurs impératifs : les actifs doivent cotiser suffisamment et être assez nombreux pour que les pensionnés perçoivent leur dû et, condition subséquente d'équité, arrivés à l'âge de la pension, les cotisants doivent être assurés de recevoir à leur tour une pension proportionnée à leurs versements.
Et c'est ici que le bât blesse.
Dès l'origine, pour se procurer les fonds indispensables au démarrage de sa nouvelle carambouille, l'Etat a condamné tous les actifs à cotiser et, bien plus que sur la solidarité, la pension par répartition repose sur la contrainte. C'est pourquoi elle est et reste un monopole de l'Etat. Mort-née, elle ne survit que sous la perfusion de la contrainte, seul domaine où l'Etat excelle. Sans celle-ci, sans la participation obligatoire de tous, le système s'arrêterait bientôt car les cotisations, aussitôt perçues, sont déjà dépensées presque avant d'être collectées à nouveau. L'Etat a saisi tout le parti qu'il pouvait retirer de ce cercle vicieux. Il a multiplié les promesses. Il a accumulé les régimes. On en compte aujourd'hui plusieurs centaines. Les fonctionnaires et les favoris du pouvoir touchent des pensions plantureuses, les autres mangent des pois chiches. On tâtonne dans l'obscurité des règlements et des exceptions. Les abus sont légions. Les injustices et les erreurs pullulent. Les caisses sont vides mais le clientélisme prospère. On chante les mérites de la répartition sur l'air de la solidarité et les nantis ramassent la mise.
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