La déroute de l'enseignement était inéluctable, ne serait-ce que parce que les politiciens s'en sont emparés. Le but premier de l'école était d'apprendre aux petits à lire, à écrire et à compter. Les politiciens ont organisé l'enseignement non plus pour apprendre mais pour éduquer. Il fallait suppléer aux carences supposées des parents pour inculquer aux enfants, tout au long du parcours scolaire, des principes civiques pour infléchir les comportements vers plus de respect envers les institutions et les politiciens, de manière à fabriquer des citoyens bien intégrés dans les valeurs du capitalisme et de ses défenseurs. C'est l'éternelle obsession des idéologues : créer un homme nouveau.
L'intégration des futurs citoyens dans la société a, de longue date, pris le pas sur la tradition scolaire consistant à apprendre à lire, à écrire et à compter.
Le résultat est tout à fait négatif. Bien qu'elle ait englouti l'essentiel des efforts pédagogiques, la formation idéologique a échoué, les jeunes s'étant révélés de plus en plus rétifs aux bourrages de crâne politiquement corrects alors que, confrontés au refus imprévus des classes montantes de se laisser modeler en dépit de la plasticité du jeune âge, les exigences des maîtres à penser politiques se sont faites encore plus contraignantes, mais en vain, à la surprise des professionnels de la communication. Aujourd'hui, les enseignements nouveaux dispensés dans les écoles forment des inadaptés n'ayant rien appris et destinés à grossir les rangs des laissés pour compte.
Il sera difficile de revenir en arrière, de retourner aux fondamentaux si nécessaires. Les politiciens tiennent l'enseignement dans leurs griffes et ils ne le lâcheront que contraints, et encore. Ils replâtreront les murs lézardés de leurs échecs accumulés sans jamais accepter une part quelconque de responsabilité dans le désastre de leur gestion.
Ne sachant plus que faire, et n'imaginant pas un instant que la catastrophe de l'enseignement est provoquée par leur impéritie, les politiciens ont fait appel aux psys dont la réputation de tout savoir mieux et de tout faire mieux est inversement proportionnelle aux résultats qu'ils obtiennent sur le terrain. Ces crânes creux s'empressèrent de modifier les programmes avec le concours de l'Administration de manière à satisfaire les politiciens et à plonger l'instruction de la jeunesse plus bas encore vers l'analphabétisme que les psys confondent avec l'épanouissement de la personnalité et l'indépendance de la pensée. Ce sont eux qui ont décidé des méthodes à utiliser pour dispenser aux petits une éducation revue à la lumière du laissez-faire et pour leur apprendre des rudiments d'instruction sans les traumatiser, en leur faisant découvrir toutes les beautés du savoir par eux-mêmes au point que ce sont les élèves qui font maintenant la leçon aux maîtres. Et les psys ont veillé à sauvegarder l'innocence des enfants en remplaçant les notes par des couleurs ou même en supprimant toute évaluation pour encourager les cancres dans leur flemme en leur faisant croire qu'ils sont les meilleurs.
La crise de l'enseignement est tellement profonde que beaucoup d'observateurs estiment qu'elle dissimule autre chose : une volonté de limiter l'instruction du peuple pour pouvoir le manipuler plus facilement, l'amener à accepter, à adopter même une idéologie contraire à ses intérêts. Mais l'entreprise de priver le peuple de l'instruction à laquelle il a droit, à laquelle il aspire, a dépassé le but recherché par ses instigateurs. La situation des jeunes et, à présent, des moins jeunes est tellement obérée par le manque d'instruction que l'économie s'en ressent lourdement et qu'elle recherche vainement une main d'œuvre dont elle a un urgent besoin alors que la concurrence internationale se développe, soutenue par la maîtrise de nouveaux moyens technologiques, physico-chimiques, électroniques et informatiques.
Néanmoins, les réformes réclamées de toutes parts restent lettres mortes. Le pouvoir craint trop d'être assiégé et pris d'assaut par un peuple plus instruit, plus cultivé, plus critique, plus lucide, plus révolté aussi. Face aux grondements populaires, il ne pourrait plus imposer toujours plus de taxes et de prélèvements, toujours plus de favorisés et de parasites, toujours plus de privilèges et de prébendes alors que le peuple serait toujours plus pauvre, plus démuni, plus exploité.
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