Les psys occupent une place décidément trop importante dans la société. Ils sont consultés pour tout et pour rien. Les troubles de l’existence, quels qu’ils soient, depuis le mal d’amour ou la dépression hivernale jusqu’aux cas de schizophrénie les plus extrêmes, depuis l’hyperactivité de l’enfant jusqu’à la détresse des personnes malades ou victimes de coups du sort, tous ces troubles mentaux participent de leur compétence. Ils soignent tout mais, en dépit de ce qu’ils s’acharnent à faire croire, leur rhétorique, aussi obscure que les formules des kabbalistes, n’a jamais guéri personne.
Ces mêmes psys règnent sur l’enseignement et décident des méthodes à utiliser pour inculquer aux petits la lecture, l’écriture et l’arithmétique sans les traumatiser, en leur faisant découvrir toutes les beautés du savoir par eux-mêmes au point que ce sont les élèves qui font maintenant la leçon aux maîtres. Et les psys ont veillé à sauvegarder l’innocence des enfants en remplaçant les notes par des couleurs ou en supprimant toute évaluation pour encourager les cancres à persévérer dans leur flemme en leur faisant croire qu’ils sont les meilleurs.
Le pouvoir de ces marchands d’orviétan est si grand et accepté par la société qu’ils peuvent, dans certains cas graves de dépression irréductible, prescrire et appliquer l’euthanasie à leur malade. On apprécie la dérive de la morale à laquelle ces gens-là ont réussi à donner un sens nouveau.
Pour encore étendre leur pouvoir, les psys accaparent la vie intérieure de chacun et ils ambitionnent d’être chargé de traiter tous les aspects des sentiments qui agitent les consciences.
Et pour grandir en importance, les psys ont l’habitude d’inventer des maladies auxquelles personne avant eux n’avait jamais pensé.
Ainsi du Burn-out, maladie produite par la fatigue et la tension nerveuse concomitante provoquée par l’excès de travail même si cet état est purement imaginaire. Le patient perd le boire et le manger. Il est exténué et il convient de lui prescrire quelques semaines de repos. On pense aux fonctionnaires dont on sait qu’ils sont épuisés par la perspective de travailler. C’est pourquoi ils sont toujours fatigués.
Ainsi du Bore-out, maladie produite par l’ennui au travail. Cette maladie est surtout produite par le désœuvrement, par l’abattement que provoque l’oisiveté, par la longueur des heures que l’inoccupation peut engendrer comme de regarder une mouche trottiner sur la vitre du bureau ou compter les gouttes d’eau tombant d’une corniche les jours de pluie. On pense surtout aux fonctionnaires qui, même lorsqu’ils sont atteints d’un Burn-out imaginaire, peuvent aussi, en même temps, subir un Bore-out et se retrouver démoralisés, sans savoir pourquoi, alors qu’il s’agit seulement d’être désœuvré. Ici, la prescription ne sera pas de fournir au patient plus de travail pour l’occuper, pour lui éviter de bailler aux corneilles ou pour dissiper ses idées noires mais de le mettre au repos pendant quelques semaines pour lui rendre l’optimisme que les avantages de sa fonction auraient dû lui conserver.
Il faut reconnaître que les psys font preuve d’imagination. Personne jusqu’ici n’avait jamais imaginé que le sentiment de trop travailler était une maladie et que l’ennui produit par l’inactivité entraînait aussi une altération de la santé que seuls les psys sont à même de diagnostiquer et d’en prescrire le remède : le repos, les délassements et les distractions.
On peut gager que, en attendant qu’ils découvrent encore d’autres maladies, le Burn-out et le Bore-out vont attirer des foules de malades dans les cabinets des psys.
Et voilà que ces hurluberlus ont mobilisé les organismes internationaux pour contraindre les Etats à interdire aux parents d’infliger à leur progéniture toute punition corporelle aussi légère soit-elle. La plus petite claque appliquée sur la joue pour calmer un enfant décidément trop turbulent tomberait sous le coup de la loi. Il ne resterait plus au bambin souffleté qu’à aller se plaindre au commissariat le plus proche pour faire condamner ses parents.
Quand donc se débarrassera-t-on de ces parasites envahissants et dangereux ? Ils pourrissent les relations sociales comme une gangrène que rien ne peut enrayer.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire