lundi 15 septembre 2014

Toujours très moraux et les Droits de l’homme en bandoulière, les Américains ont donc fomenté des révolutions en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Ils voulaient se débarrasser de dictateurs encombrants et infléchir les gouvernements vers la démocratie à la mode américaine, institution politique plus malléable que des tyrannies rigides et exigeantes. C’était déjà au nom de ces grands principes que les Etats-Unis avaient fait la guerre en Irak.

Tout avait bien commencé. Comme prévu, les peuples se sont soulevés. Ils ont éliminé leurs dirigeants malcommodes et ont entrepris de mettre en place des parlements et des gouvernements. Les Etats-Unis se félicitaient déjà. Mais patatras, ce qui ne pouvait pas arriver est arrivé. Au lieu de suivre le schéma préparé à leur intention par leur mentor d’outre-Atlantique, les peuples unanimes ont voté pour les extrémistes islamistes. Il a donc fallu corriger ce vote populaire et installer des gouvernements non démocratiques mais avec, en arrière-plan et pour longtemps, une agitation revendicative de la part de larges couches de la population flouée dans ses espérances. Un coup dans l’eau pour les Etats-Unis qui ont fait payer cher cet échec aux innombrables malheureux victimes de leurs agissements.

Quant à la Libye, elle aussi visée par l’aggiornamento américain, elle a sombré dans le chaos après l’assassinat de son dirigeant. Elle est aujourd’hui le siège d’une lutte sanglante entre les différents clans qui se disputent le pouvoir.

La Syrie est encore moins bien lotie si possible. Rompant avec les pronostics, le dictateur s’est montré plus dur qu’une noix de coco à laquelle les Américains avaient cru bon de le comparer. Bien qu’armée par les E.-U. et leurs alliés, la rébellion sunnite s’est cassée les dents sur la résistance des Syriens acharnés à se défendre contre cette invasion étrangère. Cette situation imprévue a favorisé l’éclosion des jusqu’au-boutistes musulmans, les fameux djihadistes qui, dans l’impossibilité de défaire l'armée syrienne, se sont tournés vers l’Irak où ils se sont taillés un Etat, le désormais célèbre Califat, l'Etat islamique du Levant d’où ils sèment la terreur et la mort partout.

Ces extrémistes sont nombreux, bien organisés et armés jusqu’aux dents. Et ils sont impitoyables envers tout ce qui s’oppose à leur forme de religion. Ils se sont répandus en Syrie mais aussi et surtout en Irak où ils menacent de conquérir les puits de pétrole ce que les Américains ne peuvent pas permettre.

Ainsi donc, tout en proclamant leur détestation pour le dictateur syrien qu’ils n’arrivent pas à vaincre et contre lequel les djihadistes se sont aussi ensablés, les Américains vont entreprendre d'exterminer les fous de Dieu en utilisant tous les moyens de leur arsenal militaire. Cette situation ubuesque va aboutir à renforcer le pouvoir actuel en Syrie puisque les Américains vont négocier avec lui avant de s'en prendre à l'Etat islamique du Levant, à moins qu'ils ne fassent la guerre contre celui-ci et aussi contre celui-là, ce qui serait la meilleure manière d'échouer.

Depuis qu'elle a entrepris de moraliser le monde arabe, l'Amérique n'a réussi qu’à déstabiliser toute la région, à rallier contre elle la majorité des peuples qu’elle prétendait affranchir et à les plonger dans une misère noire. Au nom de la liberté qu’elle proclamait bien haut, pour des centaines de milliers de malheureux innocents, elle n'a apporté que la mort, le dénuement et l’exode.



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