lundi 19 août 2013

La presse quotidienne est en crise. Tous les jours, des liasses de journaux prennent le chemin du pilon. Les grands titres, dont le prestige était sans rival, perdent des lecteurs sans que les gestionnaires en comprennent les raisons.

Avec un prix de vente de 1,2 à plus de 2 euros, en augmentation constante, l’explication commence à prendre corps car peu de personnes peuvent aujourd’hui se payer un tel luxe d’autant plus que la qualité n’est plus ce qu’elle était et que la concurrence d’Internet se fait de plus en plus pressante.

Alors que les journaux entretenaient des correspondants dans le monde entier pour recueillir des informations exclusives, on assiste aujourd’hui à un nivellement puisque les grandes agences fournissent à tous les journaux les mêmes articles déjà mâchés prêts à être imprimés et ne nécessitant, éventuellement, que quelques corrections de détail.

La plus grande partie des journaux est rédigée par des journalistes généralistes qui écrivent vite et traitent de tout mais de manière superficielle. C’est ainsi que très souvent, ces journalistes remplissent les colonnes de leur journal en ignorant même tout de la question dont ils prétendent cependant expliquer les tenants et aboutissants. Pareille désinvolture ou mépris du lecteur heurte un public de plus en plus instruit et exigeant.

Il en va d’ailleurs de même lorsque les journaux font appel à des spécialistes pour développer et approfondir des sujets spécifiques. Les lecteurs avertis se sentent souvent frustrés car les articles, écrits dans la hâte et sans prendre suffisamment de recul ni de temps de réflexion, manquent presque toujours de la pertinence et de la profondeur qu’attend un public haut de gamme. Ces lecteurs cultivés exigent des textes de leur niveau et relèveront toute approximation ou erreur de plume.

Mais la désaffection à l’égard de la presse est surtout le résultat de l’état d’esprit des journalistes. Alors que ce métier consiste à informer, les journalistes se croient investis d’une mission supérieure. Ils sont persuadés d’avoir le droit sinon le devoir d’éduquer la population pour l’amener à partager leur propre idéologie, celle qu’ils ont reçue lors de leurs études, celle qu'ils entretiennent quotidiennement lors de leurs rencontres avec les politiciens et celle qu’ils partagent tous peu ou prou. C'est ainsi que la propagande politique est omniprésente dans la presse quotidienne. Les lecteurs ne sont pas disposés à recevoir ce bourrage de crâne permanent sans protester.

Le journalisme d'aujourd'hui est militant et creuse la tombe de la presse d’information. Celle-ci survit péniblement en mangeant au râtelier des subsides et des aides de l’Etat dont elle ne peut plus se passer mais que, décidément, elle ne mérite pas.

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1 commentaire:

Jean Meslier a dit…

Encore une fois, bien écrit.


La télévision joue elle aussi un grand rôle.

Distraction et propagande ad nauseam.