La reine Fabiola de Belgique vient d'organiser sa succession en créant une fondation. Il n'y a là rien que de très banal. De nombreuses personnes fortunées n'agissent pas autrement pour éviter en toute légalité des impôts confiscatoires.
Mais, aussitôt, le monde politique s'est indigné. Tous partis confondus, les ténors comme les habituels porte-voix, ont entonné le grand air de l'indignation. La dotation servie par l'Etat aurait été utilisée pour la fondation. Il s'agirait d'argent public -d'argent du contribuable- dont la reine devrait rendre compte. Et les commentaires outragés se sont bousculés sur les médias complaisants. Les anathèmes tapageurs des politiciens ont reçu un écho des plus empressés. Il faut légiférer, entendait-on ; il faut condamner une conduite aussi immorale ; il faut réviser le montant des dotations et leurs attributaires ; il faut revoir la réglementation sur les fondations ; il faut sévir contre les montages financiers ; il faut contrôler l'utilisation des fonds que reçoit la famille royale. Chacun y allait de son commentaire le plus ravageur. On était presque surpris qu'aucun politicien n’exige la guillotine.
C'est aller un peu vite en besogne. Car ce sont ces mêmes politiciens qui ont décidé d'octroyer à la reine une dotation annuelle de plus d'un million quatre cent mille euros, montant qu'ils ont estimé raisonnable et qu'ils n'ont assorti d'aucune condition. Ce sont ces mêmes politiciens qui ont légiféré pour permettre à leurs copains comme aux personnes fortunées d'échapper aux droits de succession en créant des fondations. Ce sont ces mêmes politiciens qui roulent en voitures rutilantes. Ce sont ces mêmes politiciens qui mènent un train de vie digne de Bernard Arnault. Ce sont ces mêmes politiciens qui se servent de sociétés écrans pour mettre leurs biens mobiliers et immobiliers à l'abri du fisc.
Lorsqu'on examine les statuts de la fondation Fons Pereos, on constate que pour l'essentiel, il s'agit d'abord d'une entreprise philanthropique destinées à soutenir les études qu'entreprennent des organismes catholiques aux buts historiques et culturels, de les aider dans leurs projets, de régler les problèmes familiaux de la reine en octroyant des secours et des legs à certains de ses proches. Le tout serait financé par les fonds propres de la reine sans aucun apport dû aux dotations de l'Etat belge. Même en étant foncièrement révolutionnaire et donc antiroyaliste et antirépublicain, on ne peut que s'étonner des hallalis outranciers poussés par les politiciens de tous poils. On pourrait les soupçonner de vouloir dissimuler des écarts dans leur propre conduite.
Car enfin, les politiciens ne sont pas les derniers à profiter du système. Ils se votent des rémunérations mirobolantes et des avantage non moins exorbitants. Ils mangent à tous les râteliers. Ils accumulent tous des fortunes avec de l'argent public -de l'argent des contribuables- dont ils ne rendront jamais compte. Et quand ils sortent de charge, ils bénéficient de pensions démesurées et de viatiques de plusieurs centaines de milliers d'euros. Finalement, gras et dodus, ils atterrissent dans des conseils d'administration privés ou publics où ils reçoivent la digne récompense des services qu'ils ont rendus lorsqu'ils siégeaient au parlement.
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