L'Europe a encore frappé. La Commission vient de réglementer les emballages de cigarettes. Dorénavant, ils devront porter sur trois quarts de leur surface les images des dégâts que le tabac cause à la santé. Les technocrates qui décident de tout sont persuadés que l'horreur des photos aura raison du désir de fumer de la population. Leur naïveté n'a d'égale que leur prétention. L'expérience a déjà démontré que cette mesure un peu débile n'a aucun effet, quoi qu'en disent les autorités européennes et leurs suivants. Mais on en profitera pour supprimer les petits paquets et les cigarettes aromatisées. Comme cela, fumer coûtera encore plus cher et le plaisir de certains sera diminué. Décidément, le pouvoir de contraindre est une drogue bien plus euphorisante que le tabac.

L'Etat fait son beurre depuis longtemps avec le tabac. Il augmente régulièrement les prix, mais de manière modérée pour ne pas décourager les fumeurs. Il engrange ainsi facilement quelques milliards supplémentaires à chaque hausse. Si le prix du tabac venait à augmenter fortement et brusquement, l'effet pourrait être différent et la manne moins abondante. Les fumeurs chercheraient une compensation soit à l'étranger, soit en s'approvisionnant en produits de contrebande. Les trafiquants n'ont d'ailleurs pas attendu les dernières mesures du fisc pour proposer du tabac à des prix plancher.

Mais cette politique à courte vue a des conséquences graves et presque dramatiques sur une partie non négligeable de la population. Beaucoup de démunis ne peuvent pas suivre les augmentations régulières du prix des cigarettes et ils ne sont pas assez débrouillards ou assez audacieux pour s'insérer dans le marché parallèle. Ils sacrifient leur chauffage, leurs médicaments et même leur nourriture pour s'acheter un paquet de clopes. Pour eux, la fumée d'une cigarette est comme un viatique dans ce monde injuste et sans cœur.

Par sa boulimie jamais assouvie, l'Etat aggrave encore la pauvreté.

.