lundi 14 novembre 2011

Journaux, radios et télés ont unanimement commémoré avec d'interminables lamentations et des trémolos dans la voix le dixième anniversaire de la faillite de la Sabena. Regrets et nostalgie étaient à la une. Les anciens se sont rappelés le bon vieux temps et les moins rassis ont pleuré sur leur carrière interrompue en plein vol.

On ne peut cependant oublier que, pendant les quatre-vingts années de son existence, la glorieuse Sabena n'a jamais réussi à engranger le moindre bénéfice mais qu'elle a fait appel sans état d'âme, année après année, au bon cœur du petit contribuable pour boucher les trous de plus en plus profonds de ses déficits.

Depuis donc dix longues années, les curateurs se sont payés sur la bête. Et ils vont continuer leur fructueux festin pendant encore au moins dix nouvelles années. On sait que les faillites n'enrichissent que les vautours qui tourbillonnent au-dessus des carcasses avant de se disputer les morceaux encore consistants et juteux.

Le destin de cette compagnie aérienne était scellé de longue date, ne serait-ce que par les méthodes de gestion de son conseil d'administration. Constitué de créatures politiques grassement payées, il approuvait n'importe quoi, se souciait d'abord de ses jetons de présence, plastronnait sur les photos, souriait toujours, parlait d'abondance. Et perdait millions sur millions.

Et voilà qu'on apprend enfin, à l'occasion des retrouvailles et du champagne et des embrassades et des félicitations du dixième anniversaire de la faillite, que tous ces beaux messieurs s'étaient aussi partagés clandestinement des milliards de francs via des comptes discrets ouverts dans le paradis des Bahamas.

Et d'autres squelettes pendouillent encore dans les placards de la Sabena.

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