Alors que l'hiver se tire en longueur, que les routes sont dégradées, que la neige et le verglas rendent la circulation automobile et piétonne difficile, que le nombre de camions en ciseaux le dispute aux voitures dans le fossé, que fournisseurs et clients se font un sang d'encre devant l'immobilisation des communications, il conviendrait peut-être d'ajouter l'une ou l'autre remarques à la litanie des plaintes et aux soupirs désespérés.

Depuis quelques semaines, les tenants du réchauffement climatique sont d'une discrétion de violette. La température polaire a sans doute refroidi leur enthousiasme. Ils hésitent semble-t-il à proposer à nouveau de contraindre la population à renoncer au chauffage et à enfiler quelques pulls supplémentaires, à abandonner la voiture et à se déplacer à patins à roulettes, à supprimer la viande de son menu, à manger seulement les légumes de saison, à se coucher avec les poules et à se lever au chant du coq pour économiser l'éclairage électrique.

Mais les quatre-quatre sont à la fête. Ci-devant ostracisées mais aujourd'hui bénéficiant du silence embarrassé des pontes du développement durable, ces belles voitures roulent sans problème dans la neige et sur le verglas des villes et des campagnes. Gageons que nombre d'automobilistes moins bien équipés sont tentés d'acquérir ce genre de véhicule aussi sûr que pratique.

Et surtout, n'oublions pas les personnes seules et âgées qui, lorsque les rues sont enneigées et gelées, hésitent et souvent renoncent à sortir pour faire leurs courses de peur d'une glissade fatale. Elles se serrent la ceinture en attendant des jours meilleurs.

Les rigueurs du climat et la pénurie de sel paralysent le pays. L'imprévoyance et l'incurie des politiciens sont toujours plus remarquables. Mais heureusement, ils sont sortis de leur torpeur et, tour à tour, ils apparaissent à la télévision pour nous rassurer. Ils sont tout sourire et se congratulent car, grâce à eux disent-ils, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

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