lundi 1 janvier 2018

Voter pour une personne est antidémocratique. C'est se choisir un maître. C'est se soumettre, c’est s’avilir. La personne choisie détiendra le pouvoir. Elle sera donc nécessairement corrompue car le pouvoir corrompt toujours.

Comme son seul but sera d'être réélu, le politicien ne se souciera pas du tout du bien commun, mais seulement de sa réélection, car le pouvoir est grisant en lui-même ; c'est une drogue qui provoque une addiction tyrannique. Le pouvoir met son détenteur au-dessus de toutes les autres personnes ; il lui procure des avantages sans nombre, des privilèges, du prestige, de la notoriété, de la considération, de la richesse. Pour être réélu, le politicien sera malhonnête ; il n'hésitera jamais à commettre une forfaiture dès lors qu'elle peut le servir ; il contraindra ses obligés et son entourage à servir ses desseins ; il ne reculera devant aucune malversation dès lors que ce moyen indigne peut lui ouvrir des portes. L'histoire récente et passée prouve tout cela. Les exemples sont légions. Il ne faut jamais voter pour une personne. C'est toujours voter contre soi-même.

Si le politicien ne pouvait pas prétendre à plusieurs mandats successifs, s’il était contraint de se retirer sans pouvoir se présenter pour une réélection, lui-même et ses affidés combattraient ce mécanisme électoral avec férocité. Pour un politicien, perdre son siège, voir se tarir la source de toutes ses joies, c’est passer de la lumière à l'obscurité, de l'abondance à l'indigence ; c’est retomber dans la médiocrité, dans l’insignifiance d’où son mandat l’avait sorti ; c’est être privé des prébendes dont il jouit sans compter, des hôtels de luxe, des appartements de fonction, des limousines avec chauffeurs, des voyages en avions privés, du cuissage, des tables dans les meilleurs restaurants, des crus les plus renommés ; c’est perdre des rémunérations injustifiées, des pensions mirifiques, des petits cadeaux, des enveloppes sous la table ; c’est ne plus figurer au premier rang sur la photo, ne plus faire les titres des journaux, ne plus passer à la télévision, ne plus participer au bal politique, ne plus être le plus beau, le plus envié, le plus admiré, le plus louangé, le plus adulé. C’est perdre son graal. Non, tout mais pas ça. Jamais.

Voter pour un projet, c'est se conduire en adulte. C'est accomplir un acte démocratique. C'est apporter son adhésion à une initiative économique ou sociale ou politique ou culturelle ou autre encore. C'est juger de son utilité, de sa pertinence, de l'avantage personnel que l'on en retirera ou de l'intérêt général qui y trouvera un supplément de solidarité ou simplement un plus grand confort, du délassement ou des agréments particuliers. Tout ceci est absent des préoccupations des politiciens dont l'horizon se limite à leur réélection. Pour conserver leur mandat, tous les moyens leur sont bons et surtout les moins généreux voire les plus sordides.

Interrogés par référendum, les français ont l'habitude d'ignorer le fond pour répondre en faveur ou contre l'auteur de la proposition. Cette particularité française enlève à la consultation populaire tout intérêt mais elle s'explique simplement. Les français sont appelés à voter régulièrement et fréquemment pour ou contre des politiciens, et presque jamais pour un projet. Les français sont conséquents et, entraînés à voter pour ou contre une personne, ils suivent leur pente lorsque, rarement, ils sont appelés à se prononcer lors d'un référendum. Selon leur habitude, ils votent pour ou contre l'auteur de la proposition. Les choses changeront lorsque des consultations populaires seront organisées régulièrement, à l'instar des votations en Suisse.

La Suisse est l'un des rares pays où la démocratie n'est pas entièrement confisquée par les politiciens. Les suisses votent régulièrement pour des personnes, mais ils sont aussi souvent appelés à se prononcer sur des projets. À la surprise générale, mais aussi à l'admiration des observateurs, les suisses font preuve d'une maturité politique exemplaire. Ce petit pays est un modèle dont tous les autres devraient s'inspirer ; ils pourraient apprécier les nombreux avantages que retire la société helvétique de son système de votation.

La société du futur devra tenir compte des leçons du passé et des possibilités qu'une saine connaissance de la démocratie peut apporter.

Comme les nombreux politiciens se distinguent principalement par leur incompétence et leur corruption, les dirigeants d'un pays doivent être peu nombreux et désignés par tirage au sort parmi la partie de la population consentante. Le tirage au sort désignerait des personnes dont les compétences seront variées et l'honnêteté peut-être parfois sujette à caution. Mais, l'un dans l'autre, les gouvernements désignés de cette façon, non seulement ne pourraient pas être pires que ceux issus des élections ordinaires, mais à coup sûr, ils seraient forcément meilleurs. Après avoir accompli un mandat, les politiciens retourneraient à la vie civile sans possibilité de retrouver jamais une nouvelle fonction officielle.

Parallèlement, tous les actes du gouvernement seraient soumis à l'aval du peuple. L’Internet pourrait servir d’interface. Les projets pourraient procéder des gestionnaires ou du peuple lui-même. Le gouvernement serait seulement chargé de mettre les projets en œuvre et de réaliser les volontés du peuple exprimées par des votes. Ceux-ci approuveraient ou sanctionneraient les décisions ou, éventuellement, révoqueraient le mauvais gestionnaire ou condamneraient son écart de conduite.

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