Remplir sa déclaration à l'impôt est une épreuve annuelle dont on redoute les conséquences car la complexité du Code nécessite des connaissances pour éviter les bévues. L'Administration est pointilleuse et sanctionne lourdement certaines défaillances. Mais le piège dans lequel le petit contribuable tombe sans le savoir est la multitude des petits et grands avantages qu'il est possible d'obtenir mais seulement s'ils sont demandés. Lorsqu'on n'est pas un spécialiste des arcanes dissimulés dans les nombreuses astuces fiscales, on passe presque toujours à côté des réductions et des crédits d'impôts auxquels on a droit.

Il n'en va pas du tout ainsi lorsqu'on a les moyens. Dans ce cas, on doit sans doute déclarer de gros revenus mais l'impôt auquel ils correspondent est largement amorti par les diminutions et crédits que l'ingénierie fiscale multiplie presque à l'infini. Le Code des impôts est fait pour cela, pour permettre aux connaisseurs, à ceux dont c'est le métier, aux experts dont les avis et conseils valent leur pesant d'or, d'élaborer des systèmes qui diminuent l'impôt à payer et qui arrivent même à le faire presque disparaître. C'est ainsi que les plus riches sont encore plus riches parce qu'ils ne paient pas d'impôt ou parce qu'ils en paient très peu.

Tout ceci est le résultat du travail législatif des politiciens. Ceux-ci se servent eux-mêmes car la politique enrichit. Les entrelacs infinis des textes fiscaux sont à dessein rendus inextricables au petit contribuable. Ils ne peuvent être dénoués que par les rares experts que les nantis savent s'attacher.

Cette véritable arnaque pourrait être facilement éliminée. Il suffirait que le Code des impôts soit drastiquement simplifié et, surtout, que tous les avantages et les crédits d'impôts soient automatiquement accordés à tous, même s'ils ne sont pas demandés, à moins qu'ils ne soient purement et simplement supprimés mais alors que cette mesure de salubrité soit accompagnée d'une diminution générale et radicale de l'ensemble des impôts.