Un humoriste vient de voir ses spectacles interdits en France parce qu'il est soupçonné de faire rire, lors de ses sketchs, avec des plaisanteries certes comiques mais néanmoins spécieuses puisque certains y ont décelé un second degré raciste.
L'agitation judiciaire consécutive à ces accusations s'est terminée devant le Conseil d'Etat français dont l'indépendance et le sérieux sont reconnus depuis des décennies.
On attendait donc une décision simple dans ce dossier simple. Mais, saisi en référé, le Conseil d'Etat, avec la vitesse du lapin effrayé par le coup de fusil du chasseur, a renversé une jurisprudence vieille de quatre-vingts ans et décidé de réinstaurer une mesure que l'on croyait abolie à tout jamais : la censure a priori. Dorénavant, le soupçon suffit pour interdire un spectacle alors qu'on n'en connait pas la teneur. Les foudres du Conseil d'Etat se sont abattues sur celui qu'il suspecte d'être en position de commettre un délit sans qu'il l'ait commis.
Décidément, rien n'est plus comme avant et notre époque voit s'écrouler les réputations les mieux établies.
Aujourd'hui, le Conseil d'Etat n'est plus indépendant. L'a-t-il jamais été ? Le soupçon est maintenant justifié. Le Conseil d'Etat n'est plus qu'une institution politique et polémique voire militante.
On voit qu'une juridiction, fût-ce le Conseil d'Etat, ne peut pas s'opposer à la volonté du gouvernement, lui-même manipulé par une communauté ou un groupe de pression.
La décision du Conseil d'Etat ouvre la porte à la subjectivité en matière de délit d'opinion. Dorénavant, un rassemblement ou un spectacle peut être interdit préventivement sur le soupçon qu'on pourrait y tenir des propos portant atteinte à la dignité humaine -sujet combien flou- sans qu'il soit nécessaire d'en connaître le contenu et alors même qu'on n'en sait rien du tout. On se trouve ainsi dans les brumes d'un régime totalitaire.
La preuve n'est plus nécessaire, la crainte d'un dérapage verbal suffit.
On pense, par exemple, à une conférence organisée par un anarchiste qui serait interdite parce qu'il pourrait tenir des propos séditieux quant à la cupidité et à la corruption des milieux politiques. Et cela sans qu'on n'en sache rien mais seulement parce que cela paraît possible.
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