lundi 29 avril 2013

Un juge d'instruction fait l'objet d'une enquête car sa spécialité était de laisser pourrir ses dossiers dans une inertie quasi totale. Ce n'est pas qu'il était très paresseux, mais il avait l'art de ralentir les instructions dont il était chargé de manière à atteindre la prescription et ainsi de permettre à quelques malfrats d'échapper à toute sanction. On cite une affaire immobilière vieille de plus de vingt ans où des filous en col blanc ont escroqué plusieurs centaines d'épargnants pour plus de sept millions d'euros. La prescription étant atteinte, les investisseurs malheureux sont grugés et, impunément, les estampeurs s'en sont mis pleins les poches. Et peut-être le juge d'instruction aussi. Car on remarque surtout que plusieurs des dossiers qu'il traitait se sont terminés par la prescription au plus grand bénéfice de quelques aigrefins. Le procédé de ce juge d'instruction, virtuose de la prescription, a éveillé les soupçons. Tant va la cruche à l'eau…

Ceci fait penser au Tunnel de Cointe. Ce grand ouvrage d'art a englouti de nombreux millions et mobilisé une foule de travailleurs dans des travaux gigantesques pendant plusieurs années. Une énorme fraude avait été constatée impliquant la plupart des entrepreneurs. Ceux-ci, parmi les plus importants du pays, en dépit de leur notoriété et de leur réputation, avaient été lourdement condamnés en première instance. Mais, en degré d'appel, après quelques péripéties très opportunes assorties d'arguties juridiques du meilleur aloi, la Cour avait constaté la prescription lors d'une audience de cinq minutes à peine. Et les entrepreneurs véreux s'étaient retrouvés blancs comme neige et plus riches des millions escroqués.

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