lundi 8 avril 2013

Le coffre-fort des paradis-fiscaux aurait été forcé et les secrets des fraudeurs du fisc seraient à présent étalés au grand jour. Force est cependant de constater que ce casse aussi spectaculaire que planétaire et portant sur des milliers et des milliers de comptes n'a ramené dans ses filets que quelques ablettes. Comme on s'y attendait, savamment construits par les professionnels de la chicane juridique à grands renforts de prête-noms et de sociétés écrans, les montages ont résisté sans mal à la tentative d'effraction ; ils ont brouillé les pistes quant aux identités et aux atouts des spécialistes du poker financier.

Les aveux de l'ex-ministre français du Budget ont jeté une lueur cruelle sur les liens unissant l'argent et la nébuleuse politique. Alors que le petit monde du gouvernement savait le fin mot de l'affaire depuis des mois, alors que les ministres le défendaient avec bec et ongles, alors qu'il était présenté comme l'homme fort dont le pays avait besoin, la publicité du faux pas de ce personnage a retourné l'opinion affichée jusque-là par les politiciens unanimes. Ce n'est plus un ami, c'est un salaud, un fumier, un malpropre. Il a commis une faute morale impardonnable, inexcusable, injustifiable. Chacun y va de son coup de pied de l'âne. Mais la réprobation est tellement excessive, les mots tellement forts, qu'on doute de plus en plus de la sincérité des exorcistes. Sont-ils aussi blancs qu'ils le proclament ? Ne sont-ils pas tous plus ou moins pourris par l'argent facile ? A quoi sert l'impôt ? Où va l'argent ? Les questions se posent et les réponses tardent. Le fossé entre l'opinion et les politiciens s'approfondit. La république exemplaire prend l'eau de toutes parts. La confiance s'effiloche au spectacle de l'immoralité publique. Il n'y a plus ni gauche ni droite mais seulement des dirigeants menteurs et voleurs.

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