Un mouvement peu banal a rassemblé des millions de personnes en Inde. Un certain Anna Harare a entamé une grève de la faim pour contraindre le gouvernement à voter une loi anticorruption visant non seulement la société civile mais aussi les parlementaires et les magistrats. Cet indigné d'un nouveau genre a rameuté des masses considérables et rallié l'ensemble de la classe moyenne. Craignant la popularité de ce chevalier blanc, le gouvernement a d'abord choisi de l'emprisonner mais, devant la violence des manifestations de protestation, il a été contraint de le libérer ce qui a encore augmenté son audience. Finalement, débordé de toutes parts, il a capitulé et souscrit aux exigences du "nouveau Gandhi".

On pourrait espérer le développement d'un mouvement similaire sous nos latitudes. Mais le scepticisme prévaut car, on le devine, l'Administration anticorruption serait vite débordée et croulerait sous les plaintes. Déjà surpeuplées, nos prisons seraient décidément trop petites et il faudrait en construire de nouvelles pour accueillir la foule des corrompus. Mais, il ne convient pas de s'affoler, les corrompus peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Leurs petites affaires prospéreront encore et toujours. Aucune menace d'aucune sorte n'apparaît à l'horizon. L'Europe et l'Occident tout entier continueront d'être leur paradis.

Non, le gouvernement des corrompus ne fera pas la chasse aux corrompus.

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