lundi 23 décembre 2013

Depuis des temps immémoriaux, le peuple est soumis à la volonté des puissants. La contrainte s'est toujours exercée par la violence. Les dominants jouissent de leur pouvoir et surtout du plaisir d'asservir les petits. Inhérente à la nature même des sociétés anciennes, la hiérarchie, plus spécialement lors de l'Ancien Régime, a créé les classes sociales où, chacun dans le groupe auquel il appartient, opprime celui placé en dessous. A la violence sans limite des uns, répondait une soumission complète des autres.

Depuis la Révolution, le principe d'égalité s'est répandu mais sans vraiment changer le cours des choses. Entre le brassage des idées, la réalité de la vie quotidienne et la force des usages séculaires, l'égalité a toujours eu bien de la peine à tracer son sillon. Mais, petit à petit, l'illégitimité de la contrainte par la violence a pris racine dans la conscience du peuple sans pour autant que des changements interviennent dans la pratique.

Au vingtième siècle, des souffrances sans nom furent imposées aux peuples par des guerres d'une cruauté inouïe. On fit croire aux malheureux embrigadés de force dans ces conflits que la patrie en danger méritait tous les sacrifices alors qu'en réalité il s'agissait de confrontations entre Etats pour asseoir l'hégémonie industrielle et commerciale des puissants sans égard pour le cortège de malheurs qu'elles engendraient.

Après la deuxième guerre mondiale, il devint évident qu'il ne serait plus possible de se faire obéir des masses par la simple application du droit du plus fort. Les peuples revendiquaient le prix du sang : une vie moins misérable et soumise à moins d'aléas. On ne pouvait plus repousser les doléances des petits alors qu'ils avaient si durement contribué aux conflits et qu'ils avaient pris conscience dans ces épreuves de l'étendue de leur force.

Pour se maintenir au pouvoir et conserver leurs privilèges, les gouvernements, par une rupture quasi géniale avec le passé, imaginèrent un instrument propre à leur donner une suprématie sans égale, et même de l'exercer avec le consentement général : la Sécurité Sociale.

Financée avec l'argent des petits et des pauvres, la Sécurité Sociale est un nid à fonctionnaires où ils se multiplient à l'envi. Aucune obligation de résultat n'est exigée de cette usine à gaz. Des fortunes s'y engloutissent. Le peuple à l'illusion d'être à l'abri des accidents de l'existence mais il le paie au prix fort et sans s'en rendre compte. Pour conserver la protection de l'Etat, il faut approuver ses artifices ; pour continuer de profiter des allocations, il faut croire à ses menteries ; pour toucher une retraite, il faut accepter ses mirages ; pour recevoir des indemnités, il faut admettre ses fantasmes ; pour éviter d'être privé de son viatique si d'aventure une insoumission menaçait l'ordre établi, les puissants n'exigent du peuple qu'une petite chose : courber l'échine.

Le moyen d'asservir le peuple a changé. Ce n'est plus la chicotte, c'est la carotte. Le résultat est le même : le peuple obéit.

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