lundi 25 juillet 2011

Si le plus fort tirage des journaux du Royaume-Uni a disparu des kiosques, les aventures du News of the World n'en sont pas à leur épilogue pour autant.

Pour alimenter les colonnes du journal en scandales de toutes sortes et en tranches de vie plus ou moins honteuses ou scabreuses, la rédaction et les journalistes avaient organisé un réseaux d'écoutes téléphoniques qu'aurait envié la C.I.A. elle-même. Des milliers de personnes étaient sous écoutes, depuis des personnalités en vue comme des ministres ou des vedettes des médias mais aussi de modestes personnes dont les malheurs ou les vicissitudes étaient susceptibles de faire saliver un lectorat avide de récits croustillants mais aussi de faire bavasser les journalistes non moins voyeurs et voyous.

Pendant des années, la centrale du News of the World a écouté le monde entier, depuis les caucus américains jusqu'aux victimes du 11-Septembre en passant par les alcôves des vedettes ou le caniveau le plus répugnant. L'exploitation des bas instincts a rapporté des millions de livres sterling à l'indélicat Rupert Murdoch et à ses acolytes.

Mais, si des particuliers peuvent organiser des écoutes sur une grande échelle et espionner grands et petits, alors qu'on imaginait seulement que les organismes policiers de l'Etat pouvaient parfois avoir recours à ces procédés, il faut bien constater que tout un chacun a maintenant les moyens d'espionner son voisin pour surprendre ses petits secrets, pour s'en repaître ou même pour les exploiter. La correspondance peut être lue, les conversations écoutées, et les moyens d'intrusion actuels permettent même de surprendre les personnes dans leur intimité et d'enregistrer leurs faits et gestes à leur insu.

Le plus outillé pour nous espionner, qui n'en fait pas mystère, est évidemment l'Etat. Il s'en est donné les moyens et le droit. Et ses ordinateurs accumulent données et informations ; ils les triturent, les malaxent, les comparent, les trient et n'oublient rien. Ils en extirpent la substance comme on exprime le jus d'un citron et ils en extraient du sens ou du non-sens.

Nous sommes décidément fichés, examinés côté pile et côté face, observés sous toutes nos coutures, physiquement et moralement, par des gens et des organismes qui, sous le couvert de faire notre bonheur, font de nous des asservis.

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